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© Spaces of Exception (dir. Matt Peterson et Malek Rasamny, 2019).
© Spaces of Exception (dir. Matt Peterson et Malek Rasamny, 2019).
Agenda

Le Festival Ciné-Palestine
revient pour son dixième anniversaire

Par Camille Lefèvre - Publié en juin 2024
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Le nouvel opus proposé par le FCP offre une plongée dans les archives, nationales ou familiales, à travers une sélection contemplative et immersive d’œuvres à la portée politique indéniable, mais surtout en faveur de la création artistique.

Depuis sa création en 2015, le Festival Ciné-Palestine s’est imposé par la diffusion de plus de 300 films, l’invitation d’une centaine d’artistes et de personnalités, l’organisation de nombreuses tables rondes, débats et master-classes comme un rendez-vous culturel incontournable en Île-de-France, et depuis 2022 à Marseille. Poursuivant l’objectif de faire rayonner la richesse du cinéma palestinien et de ses contributeurs, il se décline chaque année à travers une thématique choisie (l’environnement en 2023, les féminismes en 2022, Gaza en 2019…). L’organisation offre aux spectateurs et aux artistes un espace commun où discuter, échanger, se rencontrer, indépendamment des restrictions imposées par les frontières et au service de l’art cinématographique.

Cette année, ce sont les archives du cinéma palestinien qu’il met à l’honneur, sous le titre « Palestine in the Eye ». Et la thématique choisie est indissociable du travail mené par le festival qui, dès sa création, a participé de la remise en circulation d’œuvres pensées disparues, en les diffusant, d’abord, et en leur donnant des sous-titres pour les rendre accessibles au public francophone. C’est le cas, par exemple, de Retour à Haïfa, de Kassem Hawal, Les Dupes, de Tewfik Saleh, ou encore Palestine, a People’s Records, de Kaïs al-Zubaïdi.

En effet, malgré la destruction, depuis 1948, de plusieurs bâtiments ayant vocation à conserver la mémoire culturelle, la quête de ces archives et les techniques permettant la diffusion de ces images sont placées au cœur de l’édition 2024, en particulier avec les films Kings and Extras, d’Azza el-Hassan, For Cultural Purposes Only, de Sarah Wood (tous deux diffusés à Marseille), ou Via Dolorosa, d’Oraib Toukan (projeté en Île-de-France).

Cette édition souligne l’importance des travaux de restauration, en réunissant des réalisateurs, des documentalistes, des archivistes, des chercheurs et des restaurateurs, mais elle entend également mettre l’accent sur la nécessité de disposer d’archives familiales, à la fois dans une dynamique de transmission et de création artistique. Ainsi, seront programmées des œuvres telles que Three Promises, de Yousef Srouji (diffusé à Marseille), ou Bye Bye Tibériade, de Lina Soualem (projeté en Île-de-France). Le titre de cette dixième rencontre, « Palestine in the Eye », emprunte son nom à l’œuvre filmique réalisée par les camarades de Hani Jawharieh, membre fondateur de l’Unité du cinéma palestinien (PFU), après sa mort, tandis qu’il filmait les affrontements au sud du Liban en 1976. Il est également le témoignage du désir du festival de mettre en lumière ses archives.

Quinze invités seront réunis et pas moins de 35 films seront présentés. Véritable pierre angulaire de l'événement depuis huit ans, le concours de courts-métrages réunit des supports éclectiques, depuis l’œuvre de fiction au documentaire, en passant par le film d’animation. En partenariat avec le festival Nazra et la plateforme Aflamuna, cinq courts-métrages réalisés par la nouvelle génération d’artistes palestiniens seront ainsi mis à l’honneur. Le jury se compose de Lisa Adams-Aumérégie, Bissane Al Charif, Manon Azem, Carol Mansour et Patrizia Roletti, et la remise des prix du jury et du public se tiendra le 15 juin.

Festival Ciné-Palestine, 10e édition, du 30 mai au 16 juin, à Marseille et en Île-de-France. Retrouvez toute la programmation sur : festivalpalestine.paris/fr
Festival Ciné-Palestine, 10e édition, du 30 mai au 16 juin, à Marseille et en Île-de-France. Retrouvez toute la programmation sur : festivalpalestine.paris/fr

Parmi les films marquants, cette année, nous pouvons citer Le Libérateur, de Kaïs al-Zubaïdi, un documentaire qui, s’appuyant sur des supports visuels et sonores, couplés à des images rares et des scènes de films, raconte les origines de l’Intifada. Il y a aussi le poétique Dispersés par le vent, de Jacques Madvo, qui donne vie à une série de dessins d’enfants palestiniens : des croquis qui témoignent de leur quotidien et de leur imagination à la suite de la guerre des Six Jours, en 1967. Des productions inédites seront aussi diffusées : A Short Film About a Chair, d’Ibrahim Handal, ovni onirique, propose de contempler une chaise esseulée sur un balcon pendant dix ans à travers le regard d’un photographe, obsédé par l’objet et l’observant nuit et jour. L’Italien Piero Usberti, quant à lui, se fait l’observateur du quotidien à Gaza, en 2018, dans Voyage à Gaza. Dans Spaces of Exception, de Matt Peterson et Malek Rasamny, le parallèle est tracé entre une réserve abritant les premières nations américaines et un camp de réfugiés palestiniens. Juxtaposant les lieux et les histoires, la dépossession et la perte sont ici sublimées par l’union des communautés. Là, il n’est plus question d’archive, mais de l’illustration d’un présent où chaque jour est vécu comme un acte de résistance.

Un florilège non exhaustif, car la totalité de cette sélection plurielle mérite d’être vue.