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ÉDUCATION

Le long chemin de la réforme universitaire

Par BAUDELAIRE MIEU - Publié en juillet 2016
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Avec le système LMD, l’Éducation nationale ambitionne de s’aligner sur les standards internationaux pour que les diplômes ivoiriens soient reconnus à l’étranger.

En 2012, un an après l’accessiondu président AlassaneOuattara au pouvoir,le gouvernement a instauréla grande réforme licencemaster-doctorat (LMD)dans le système universitaire public.Objectif : se rapprocher tant bien que maldes standards internationaux. Inspiré dumodèle anglo-saxon « Bachelor-Master-PhD », le LMD est la réponse européenned’harmonisation des systèmes éducatifs, afinde permettre les équivalences des diplômeset de faciliter la mobilité des étudiantsau niveau international. « Le but était lareconnaissance des diplômes délivrés parles établissements ivoiriens dans le mondeentier », explique un universitaire qui atravaillé sur l’implémentation de ce système.

L’ambition affichée dépassait le stadede la réforme purement académique,et englobait l’administration, la finance,la scolarité, le calendrier universitaire,l’enseignement, l’apprentissage, l’évaluationet la recherche. Avec comme finalitéde pouvoir proposer aux enseignantset aux étudiants des moyens logistiques ettechniques afin qu’ils s’épanouissent dans uncadre optimal. Un ambitieux programme…

Le gouvernement a d’abord lancéun vaste chantier de rénovation etde réhabilitation des universités publiques,à commencer par le campus de l’universitéFélix-Houphouët-Boigny (UFHB) deCocody qui, à lui seul, accueille plusde 50 000 étudiants. Le montant desinvestissements était estimé à 153 milliardsde francs CFA (233,2 millions d’euros) avec,en ligne de mire, l’indispensable rénovationvoire la construction d’infrastructures(amphithéâtres, salles de travaux dirigés,bibliothèques, résidences universitaires…).

La professeure Ly Ramata, présidentede l’UFHB, avait élaboré un plan stratégique2014-2018 comportant six axes majeurs :environnement de travail et cadre de vie ;renforcement de la gouvernance ; formation ;insertion professionnelle ; recherche ;accroissement des ressources financières.

Le système LMD a été mis en placedès la réouverture des établissementsuniversitaires publics en septembre 2012.« L’émergence prônée par le chef de l’Étatne sera pas qu’économique, mais dépendraaussi de la capacité de la Côte d’Ivoire àmoderniser son enseignement supé rieur etsa recherche scientifique pour parvenir às’insérer dans le contexte international dela mondialisation », explique le professeurJustin Koffi, de l’université de Cocody.

UNE MISE EN OEUVRE CHAOTIQUE

L’ancien système des unités de valeurtant redouté par les étudiants a étéremplacé par des unités d’enseignement,et l’instauration de six semestres pourvalider la licence, quatre pour le master etquatre supplémentaires pour le doctorat.Cette nouvelle organisation donne auxétudiants la possibilité de suivre des cursusdans des universités étrangères grâ ce audé veloppement de compé tences et aptitudestelles que la communication, les langueset la capacité à exploiter ses connaissances,à ré soudre des problè mes, à travailleren é quipe, à s’insé rer dans la socié té . Sonprincipal avantage est la professionnalisation,qui permet une adéquation entre la formationacadémique et l’emploi, contrairement àl’ancien système. Mais trois ans aprèsla démarrage de la réforme, de nombreusesdifficultés perdurent, engendrant desgrèves à répétition, tant chez le personnelenseignant que chez les étudiants.« Nous avons adopté le LMD avec trop deprécipitation », explique Innocent, étudiantde l’université de Cocody. Le système del’enseignement supérieur revient de loinmais les difficultés matérielles sont encorehandicapantes. Les conditions d’enseignementsont difficiles en raison des effectifsnombreux dans les amphis. Malgréles efforts financiers du gouvernement,ces derniers tout comme les salles de courssont en nombre insuffisant. L’informatisationdes universités est particulièment faible.Pour le gouvernement, il s’agit doncde passer à une seconde étape axée surle qualitatif et les moyens humains.