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DAVID GOEURY
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Archi

Les mains dans la terre

Par Luisa Nannipieri
Publié le 17 juin 2025 à 14h00
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S’enraciner dans le passé pour regarder le futur, bâtir en jonglant entre pesanteur et grâce : l’approche unique de Salima Naji récompensée.

​​​​​​​L’architecte et anthropologue marocaine Salima Naji a récemment remporté le Global Award for Sustainable Architecture pour l’ensemble de son travail. Le prix, créé en 2006 par Jana Revedin avec le soutien de l’Unesco et de Saint-Gobain, encourage l’adoption de solutions durables et promeut les réflexions innovantes dans le domaine de l’architecture. Salima Naji a été récompensée pour l’unicité de son approche, toujours au service des communautés. Dans ses très nombreux petits et grands projets, de son travail sur les anciens greniers collectifs à la réhabilitation de la kasbah Aghanaj à Tiznit, elle a veillé à préserver le patrimoine culturel vernaculaire, stimulant le développement socio-économique local.

La reconstruction de la forteresse d’Agadir Oufella, détruite par un séisme en 1960, offre un parfait exemple de son approche. Elle y a utilisé essentiellement des matières locales, revitalisant toute la filière productive, et a introduit des paléo-innovations: elle a notamment dépoussiéré et employé sur le chantier des techniques ancestrales redécouvertes lors des fouilles archéologiques sur place et a réadapté d’anciennes méthodes antisismiques, apprises pendant ses recherches dans le Haut Atlas, pour assurer la solidité du projet à l’aide de bois et de pierres. Des interventions fortes et concrètes mais presque invisibles à l’oeil pour celle qui considère que «la meilleure architecture est là où l’architecte s’efface.» salimanaji.com