Aller au contenu principal
DIANE MOYSSAN
DIANE MOYSSAN
Entretien

Lubiana
Aux sources du Cameroun

Par Sophie Rosemont - Publié en novembre 2024
Share

Entre pop et musiques africaines traditionnelles, le nouvel album de Lubiana, Terre rouge, brille par sa sincérité et sa grâce.

APRÈS UN PREMIER album très remarqué, Beloved (2021), la musicienne belge d’origine camerounaise et joueuse de kora a composé ce nouvel opus peu après une retraite avec le griot mandingue Ablaye Cissoko. Hautement mélodique, témoignant de sa dextérité vocale, Terre rouge est doté de cordes arrangées par Clément Ducol (qui a récemment œuvré sur Emilia Pérez, de Jacques Audiard) et raconte une quête de soi.

AM: Comment est né Terre rouge?

De mes voyages en Afrique et de mon premier souvenir d’enfance du continent: la couleur de la terre, rouge. Ce rouge qui m’a longtemps intriguée, questionnée... Terre rouge a vu le jour dans mon village au Cameroun, Bangoua, mais aussi au Sénégal, à Bamako chez l’artiste Toumani Diabaté, au Togo, et bien d’autres pays. Et toujours cette couleur de la terre, rouge comme l’amour. Se manifeste également ici un désir profond de connexion, de reconnexion à mes racines africaines que j’ai si longtemps délaissées.

Pouvez-vous nous parler du Cameroun que vous célébrez ici?

Le Cameroun est le point de départ, mais nos racines sont bien plus vastes. Terre rouge est une ode à l’Afrique dans sa globalité, j’y parle des djali, les joueurs de kora d’Afrique de l’Ouest. Avec Gaël Faye, nous sommes allés au Rwanda célébrer les femmes africaines, je chante le Mali, mes ancêtres, l’Afrique dans sa globalité, du nord au sud, d’est en ouest. Je suis heureuse d’être Camerounaise, d’être métisse... Terre rouge n’aurait jamais pu voir le jour sans ces mois de voyage sur le continent.

Quelles teintes musicales souhaitiez-vous apporter à Terre rouge?

LUBIANA, Terre rouge, 6&7.DR
LUBIANA, Terre rouge, 6&7.DR

Pendant mes voyages, j’ai été bercée par les musiques traditionnelles: Toumani Diabaté, l’album Kulu de N’Gou Bagayoko, la voix d’Oumou Sangaré. J’avais un désir de musique organique, vivante, de musique live. Je voulais que l’on sente les doigts vibrer sur les cordes pincées. J’avais envie de rencontrer des instruments traditionnels occidentaux, comme les quatuors à cordes, la contrebasse, la harpe, et des instruments traditionnels africains comme le n’goni, la kalimba, les percussions burundaises et, bien sûr, la kora. Je souhaitais véritablement emmener les auditeurs en voyage, créer un son sensible, unique et vibrant!