Marina Nobout
« Des bâtiments écologiques pour le logement »
Avec sa société de construction, l’entrepreneure élabore des habitats en blocs de terre comprimée et stabilisée, et fait la promotion du développement durable.
AM : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et nous expliquer comment l’envie d’entreprendre vous est venue ?
Marina Nobout : Je suis ingénieure commerciale de formation, diplômée de l’école Pigier. J’ai commencé l’entrepreneuriat dès l’âge de 7ans, et j’ai continué d’acheter et de revendre des sous-vêtements, du pain, des sandwiches à l’université. Je satisfaisais la demande des personnes que je côtoyais.En 2010, j’ai décidé de me spécialiser dans la construction de bâtiments écologiques. Créée il y a onze ans, notre entreprise Ohel International nous a permis de construire des complexes sportifs, hôteliers, des logements pour les enseignants, pour la diaspora, pour les particuliers. Nous avons réalisé des écoles et des foyers de jeunes à Didiévi ou Soubré. Ou encore des bâtiments pour des écoles maternelles, primaires et secondaires, ainsi que des logements pour infirmiers à Toumodi et Dimbokro .
Pourquoi avoir choisi ce secteur, et quels en sont les avantages ?
Face au déficit de logements, estimé à 60 000 par an en Côte d’Ivoire, il fallait une réponse. L’étude de marché que nous avons réalisée nous a permis de savoir ce que les Ivoiriens désirent en matière de logement. Je me suis alors rendu compte que les gens sont de plus en plus tournés vers les habitats écologiques, les logements à moindre coût et durables. Dans toute l’Afrique, les blocs de terre comprimée stabilisée (BTCS) répondent à ce besoin. Raison pour laquelle nous nous sommes tournés vers cette solution.
Y a-t-il un engouement autour de ce type de construction ?
C’est une question de mentalité. Pour la population,construire en terre est un peu dépassé. Mais grâce à une bonne politique de sensibilisation, les gens ont compris que les bâtiments écologiques offrent de nombreux avantages. Par exemple, on réalise une économie de 30 % sur le gros œuvre, et on respecte l’environnement. La demande est croissante pour ce type de bâtiment, surtout de la part de la diaspora.
Votre entreprise est présente en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Bénin et en Guinée-Bissau. Comment êtes-vous arrivée à faire adopter le BTCS dans ces pays ?
Nous disposons de matériaux locaux, comme la terre, que Dieu nous a donnés pour bâtir des maisons. Ce qui, de toute évidence, est une solution aux problèmes de logement en Afrique.La démographie africaine est grandissante ; il faut construire moins cher. Ayant bien compris cela, ces pays ont développé des projets de construction dans ce sens.
Quels sont, selon vous, les avantages à entreprendre ?
Il y en a beaucoup ! Lorsque vous parvenez à satisfaire les besoins de la population, c’est une belle valeur ajoutée. Entrepreneure depuis dix ans, j’ai reçu des distinctions sur les plans national et international. Toutefois, nous sommes confrontés à un problème de financement, car nous sommes peu accompagnés. Et financer de l’immobilier est lourd.
Comment voyez-vous les perspectives du secteur privé en Côte d’Ivoire ?
Il y a de bonnes avancées dans ce secteur dans la mesure où les partenariats public-privé permettent au privé de s’affirmer. La dette intérieure est en train d’être traitée.Le gouvernement fait beaucoup d’efforts en encourageant le secteur privé. C’est pourquoi je pense que l’avenir est prometteur.Nous souhaitons que les investisseurs viennent en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, où nous disposons de beaucoup de potentialités.