Matoub Lounès l'enquête impossible

C'est comme s'il n'était jamais parti. En Kabylie, son nom est tagué en long et en large sur les murs des maisons. Dans les cafés, les bars et les restaurants, ses photos et ses posters perpétuent sa mémoire. Dans les bus et les taxis, ses chansons passent en boucle, jusqu'à l'overdose. Matoub Lounès est partout. « Même mort, il est toujours vivant, ironise Dahmane, disquaire dans le quartier de la Nouvelle Ville, à Tizi-Ouzou. De tous les chanteurs kabyles, c'est celui qui vend le plus de cassettes et de CD. » Une vraie légende. Dix ans après son assassinat, le fantôme de Lounès continue de hanter cette terre qu'il a tant aimée et chantée. Respecté, adulé, voire même vénéré de son vivant, celui que l'on surnomme le Rebelle suscite toujours autant de passion. À Taourirt-Moussa, son village natal, sa tombe est devenue, au fil des ans, un lieu de pèlerinage, et sa maison ne désemplit pas. On y vient de tous les coins d'Algérie, et même de France, pour se recueillir, se faire prendre en photo devant sa voiture criblée de balles, acheter un souvenir, un poster ou un recueil de chansons. « Matoub est un héros, un saint, explique...