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Mauvaise note

Par Emmanuelle Pontié - Publié en juin 2022
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Le 16 juin sera célébrée la journée internationale de l’enfant africain, instaurée depuis 1991. Triste commémoration annuelle des jeunes tués lors du soulèvement estudiantin de 1976 à Soweto, en Afrique du Sud. À cette occasion, de nombreux bilans et études sont publiés, rappelant la situation précaire de l’enfance face notamment à l’éducation, première étape de la formation pour un accès à un travail et une intégration optimale dans le monde de demain. Les chiffres de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) brocardent sempiternellement l’Afrique subsaharienne. Parmi toutes les régions du monde, c’est en effet ici que l’on relève le plus fort taux d’exclusion de l’éducation : plus d’un cinquième des enfants âgés de 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi par un tiers des 12-14 ans et près de deux tiers des 15-17 ans.

Bien sûr, chez les filles, les indicateurs s’aggravent. Pour des raisons bien connues de pauvreté qui pousse les familles à « investir » sur l’éducation d’un seul garçon ou à rechigner à envoyer leur fille loin du foyer, ou pour des raisons culturelles ou d’attachement au mariage précoce, qui les entraînent à ne pas voir l’intérêt de l’envoyer à l’école.

​​​​​​​D’autres soucis viennent compliquer encore l’accès à la scolarité, comme la pénurie de professeurs formés, la précarité des classes, sans eau courante ni électricité, parfois sans bancs, aux effectifs pléthoriques d’élèves… Et bien entendu, les zones de conflits génèrent année blanche sur année blanche. Alors certes, les politiques d’éducation s’améliorent, on construit des classes, on forme des profs, on lance des campagnes de sensibilisation à l’intention des parents retors, etc. Et les mentalités évoluent. Surtout en ville.

Pourtant, la démographie galopante de ces régions, qui affichent un taux de natalité très élevé, inquiète les spécialistes. Comment absorber demain et après- demain le nombre exponentiel d’enfants et de jeunes en demande d’éducation avec un système déjà totalement dépassé ? Et les projections du dernier Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO ne sont pas très optimistes. Il en ressort, entre autres, que la proportion d’enseignants formés en Afrique subsaharienne est en baisse depuis 2000. On prévoit aussi qu’en 2030, 20 % des jeunes et 30 % des adultes ne sauront toujours pas lire… De quoi interroger les pouvoirs publics, qui doivent urgemment revoir leur copie.