Mehdi Qotbi,
tisseur d’écriture
L’IMA présente une rétrospective sur cet acteur majeur de l’art contemporain franco-marocain, maître des signes et de la calligraphie arabe.
La finesse de ses œuvres épate et hypnotise. Face à ces toiles où la beauté et le mysticisme de la calligraphie arabe s’allient à un trait moderne et abstrait, on a presque l’impression d’assister à une danse envoûtante du pinceau, qui invite à la méditation. Mehdi Qotbi, né en 1951 à Rabat, est un maître de son art, dans la lignée du mouvement hurufiyya ce courant artistique qui réinterprète les signes de l’écriture arabe dans un langage pictural contemporain, en poursuivant une tradition qui les charge d’une signification intellectuelle et ésotérique (à partir des mots, on dessine le monde). Pour la première fois, l’Institut du monde arabe consacre à cette figure majeure de l’art une belle rétrospective, qui explore son évolution artistique à travers une centaine d’œuvres créées entre le milieu des années 1960 et aujourd’hui. Elle aborde aussi les collaborations avec des écrivains et amis, tels qu’Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Octavio Paz et Nathalie Sarraute, dont les textes s’entremêlent aux œuvres.
Des partitions à quatre mains où l’alphabet de l’âme met en relation imaginaires et cultures. «Explorant la fluidité culturelle d’identités en constante renégociation, son œuvre distille autant de questionnements, d’insaisissables et d’indéterminations», souligne la commissaire de l’exposition, Nathalie Bondil. Son œuvre, commente le critique Philippe Dagen, «s’offre et se dérobe. S’offre à la délectation chromatique. Se dérobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir».