Molière vs Shakespeare
Au moment où nous écrivons ces lignes, le XIXe sommet de la francophonie se prépare pour les 4 et 5 octobre. Le grand raout a lieu cette année entre le Grand Palais à Paris et la Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts, dans le département de l’Aisne. Cela fait trente-trois ans que l’événement n’avait plus eu lieu dans l’Hexagone.
Au-delà du rassemblement géant, auquel la plupart des 88 chefs d’État et gouvernements adhérents de l’Organisation internationale de la francophonie répondront présents, cette nouvelle édition donne l’occasion de se pencher sur la vitalité et l’influence de la langue française dans le monde. Et lorsque l’on regarde les stats de l’OIF, on est surpris de constater qu’elles sont plutôt joyeuses. Contrairement aux dires des fossoyeurs chroniques, qui égrènent des propos sempiternellement alarmistes, arguant à qui veut l’entendre que la langue de Molière se meurt peu à peu depuis des décennies, engloutie par celle de Shakespeare.
Le saviez-vous? Il existe 321 millions de francophones dans le monde, dont 47,2% vivent en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes. Un chiffre en hausse de 14% depuis 2018, notamment chez les jeunes de 15 à 24 ans. Au global, 93 millions d’élèves et étudiants reçoivent un enseignement en français. La langue française est la cinquième mondiale, après l’anglais, le chinois, l’hindi et l’espagnol. Et, depuis 2022, la quatrième sur Internet, après l’anglais, l’espagnol et l’arabe. Elle est en hausse chez les jeunes, elle remonte d’un cran sur la toile… Deux indicateurs de bon augure. Certes, les dernières statistiques datent d’il y a deux ans et, depuis, on sait que le sentiment anti-français, en Afrique de l’Ouest par exemple, pourrait jouer en faveur d’un rejet de la langue au profit de l’anglais – ce dernier continuant à caracoler en tête du hit-parade des polyglottes, et raflant la vedette dans la plupart des grands meetings, érigé depuis longtemps comme la langue du business international.
Pourtant, rien ne montre que le français aurait perdu des plumes (de coq!) sur les dernières années. Au contraire. Ce qui réjouira le franchouillard, mais aussi les Africains, au final. Puisque, même s’il s’agit d’une langue héritée de la colonisation, elle leur facilite les échanges transrégionaux, commerciaux ou autres, et leur permet de faire partie intégrante de l’une des plus grandes communautés linguistiques au monde. Ce qui compte aussi.