Aller au contenu principal
C'est comment ?

Mon vaccin !

Par Emmanuelle Pontié - Publié en juillet 2024
Share

L'événement, à Paris, est presque passé inaperçu. Survenu en pleine tourmente politique, au lendmain de la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État français… Pourtant, ce 20 juin, s’est tenu dans la capitale de l’Hexagone le Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, annoncé comme un grand pas vers une nouvelle indépendance du continent. Car, enfin, l’Afrique importe à ce jour 99% de ses vaccins! Tous fabriqués à l’étranger et facturés à des prix exorbitants.

DOM
DOM

C’est sûrement la crise du Covid qui a enfoncé le clou en matière de dépendance hallucinante des pays pauvres. Jean Kaseya, patron de l’agence de santé publique de l’Union africaine, a rappelé un mauvais souvenir: «Quand la vague Omicron a déferlé sur l’Inde en 2022, le Serum Institute of India, auprès duquel les pays africains avaient commandé des millions de doses de vaccin anti-Covid, a suspendu ses livraisons pour servir d’abord la population indienne.» Fabriquer ses propres vaccins, en cas de panique, ça aide. Mais quand même, pour les campagnes contre la polio chez les enfants ou pour les doses utiles aux épidémies successives de choléra, dont on entend parler depuis des décennies, c’est pas mal de commencer à se réveiller… Certes, l’Alliance du vaccin (Gavi), co-organisatrice du Forum, et qui aide les pays à faibles revenus à introduire du sérum contre vingt maladies, a immunisé un milliard d’enfants depuis 2000. Mais selon son président, José Manuel Barroso, «il y a encore des millions d’enfants qui n’ont jamais été vaccinés contre une seule maladie». 

Résultat du Sommet de Paris: un fonds de plus d’un milliard de dollars a été créé et un nouveau mécanisme financier innovant, baptisé African Vaccine Manufacturing Accelerator (AVMA), doit être lancé afin de donner enfin les moyens de leur autonomie aux pays africains. Le but? Produire 60% des doses qui leur seront nécessaires. On ne sait pas si, ni quand, ce fonds sera alimenté, bien sûr. Mais lancer l’idée que les pays produisent leurs propres «anticorps» ou accueillent des usines locales de grands labos internationaux du Sud sur leur sol, comme le sud-africain Biovac ou le sud-coréen EuBiologics, tous deux présents à Paris, c’est déjà un premier pas. Qui mérite d’être salué. Remettre sur le tapis la question d’une des dépendances africaines les plus délirantes, c’est important. À suivre…