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Africa CEO Forum

Montée en puissance des jeunes entrepreneurs africains

Par ESTELLE MAUSSION - Publié en mars 2017
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Rendez-vous incontournable des milieux d'affaires, la dernière édition du CEO Forum, qui a eu lieu les 21 et 22 mars à Genève, a rassemblé plus de 1100 participants et mis en avant les défis de la nouvelle génération de patrons sur le continent.
 
A Nairobi, Carole Kariuki préside la Kenya Private Sector Alliance, qui réunit quelque 500 entreprises. A Dar es Salam, Mohamed Dewji dirige MeLT, le plus grand conglomérat tanzanien, présent dans onze pays africains. En périphérie de Dakar, Anta Babacar Ngom Bathily développe les activités avicoles de Sedima, devenu un acteur de poids dans le secteur agricole sénégalais. A Magadascar, Yanish Ismael vient de rentrer au pays pour gérer avec son père la société familiale SMTP, quatrième groupe industriel de l'île. Ces jeunes entrepreneurs étaient à l'honneur de la dernière édition de l'Africa CEO forum, organisée dans la capitale économique suisse par le groupe Jeune Afrique, en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD), et Rainbow Unlimited.  
 
Comment être pris au sérieux par les banques ? Comment succéder à son père, fondateur de l'entreprise familiale ? Comment être rentable mais aussi socialement responsable ? Comment concilier respect des aînés et nécessité d'innover ? Autant de questions auxquelles ces dirigeants juniors ont dû répondre. « Bien communiquer », « être tenace », « mettre des femmes aux postes clés », « s'appuyer sur des mentors », ont-ils répliqué, en citant leur expérience personnelle. Et garder le moral malgré les nombreux écueils en interne comme au niveau du continent avec une conjoncture difficile, marquée par un ralentissement de la croissance et la chute du cours des matières premières.
 
Les défis que doit relever cette nouvelle génération sont ceux de l'Afrique dans son ensemble. Et ils sont bien connus. Le premier est la création d'emplois pour occuper une population active toujours plus nombreuses, en lien avec la formation et l'éducation des jeunes afin de les orienter vers les secteurs porteurs. « Notre ambition, c'est de construire l'Afrique avec la main d'œuvre africaine, avec la jeunesse africaine », a ainsi résumé Macky Sall, le président du Sénégal, invité d'honneur avec son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo, de la cérémonie de clôture du forum.
 
Autre challenge de taille, réussir la diversification des économies et défendre la position du continent dans la mondialisation. « L'industrie la plus importante pour l'Afrique est l'agriculture, tout le monde a besoin de manger, a déclaré Mo Ibrahim, le chantre de la bonne gouvernance. C'est pourquoi il faut trouver un moyen de rendre, à nouveau, le secteur sexy. » Le dernier chantier est la digitalisation du continent, un domaine où les initiatives se multiplient et où les changements sont déjà très rapides, notamment dans le secteur mobile. « En décembre dernier, le volume des transactions sur notre réseau Orange Money en Afrique a été supérieur à celui réalisé via le système bancaire », a souligné Bruno Mettling, directeur Afrique et Moyen-Orient du groupe français de télécom, illustration des mutations à l'œuvre et à venir. 
 
« Africa is always open for business », a résumé Amadou Hott, le vice-président de la BAD en charge de l'énergie, lors de la cérémonie de clôture, saluant la résilience du continent et la vivacité des échanges durant les deux jours. Plusieurs acteurs ont profité du forum pour faire des annonces. Le groupe algérien Cevital, dirigé par Issad Rebrab, a notamment lancé un projet de chemin de fer continental, de 9000 kilomètres, devant relier l'Algérie à la Zambie en passant par cinq pays, un investissement estimé à quelque 9 milliards d'euros.