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Nadir Dendoune
« Un hommage aux invisibles de la société »

Par Astrid Krivian - Publié en mai 2018
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Journaliste franco-algéro-australien, il a déjà été militant pacifi ste en Irak, et a gravi l’Everest, vraiment… Dans Des fi gues en avril, il fi lme le quotidien de sa mère, qui a quitté l’Algérie dans les années 50 pour une cité de la région parisienne, où elle vit encore. Un témoignage intime et bouleversant sur l’histoire de cette première génération d’immigrés.

C’est un parcours hors des sentiers battus pour ce quadra à l’énergie débordante. À vélo, il a d’abord traversé l’Australie, où il a vécu pendant huit ans, puis fait un tour du monde contre le sida. Ce journaliste franco- algéro-australien s’est rendu en Irak en 2003, expérience qu’il raconte dans Journal de guerre d’un pacifiste. Il a gravi l’Everest en 2008, en se faisant passer pour un alpiniste expérimenté. Pour marquer ce qu’il considère comme une « réussite collective », il plante au sommet un coeur en carton où est inscrit « 93 », le chiffre de son département d’origine, la Seine-Saint-Denis. Il narre cette ascension dans son livre Un tocard sur le toit du monde (JC Lattès, 2010), adapté par la suite au cinéma avec L’Ascension (2016). Nadir est aussi l’auteur du livre Lettre ouverte à un fils d’immigré (2007), où il s’adresse à Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur de l’époque, qui projette de « nettoyer au Kärcher » les banlieues. De sa plume révoltée, enragée, juste et émouvante, il raconte son enfance dans Nos rêves de pauvres (2017), et l’histoire de ses parents, ces chibanis qui ont quitté l’Algérie dans l’espoir d’une vie meilleure en France dans les années 50. Après avoir vécu dans un bidonville, ils s’installent ensuite dans un F5 de la cité Maurice Thorez à L’Île-Saint-Denis, élevant leurs neuf enfants avec un salaire d’ouvrier, évoluant dans un pays dont ils ne savent ni lire ni écrire la langue. Pour Nadir, gravir l’Everest n’est rien comparé à ce qu’ils ont accompli. Réalisateur de deux documentaires, dont un sur la Palestine, il a cette fois filmé sa mère au quotidien pour Des figues en avril. Un témoignage intime, trop rare, d’une dame partagée entre ses deux pays, mémoire de cette première génération d’immigrés. À 82 ans, Messaouda se retrouve seule. Son époux, qu’elle va visiter chaque jour, souffrant de la maladie d’Alzheimer, est désormais en maison médicalisée. Entre les rituels quotidiens, moudre le café, cuisiner les beignets, laver le sol, regarder un jeu télévisé, jaillissent des paroles poignantes sur la douleur du déracinement, la nostalgie du pays, l’impossibilité d’un retour. Pleine de sagesse et d’humour, le regard à la fois pétillant de malice et scintillant de blessures, elle évoque son enfance dans les montagnes kabyles, son arrivée en France, son quotidien, ses enfants… Son fils cadet, vêtu d’un t-shirt « Musulman » pastichant le logo du super-héros Superman, nous a parlé de cette héroïne ordinaire.
 
AM : Qu’est-ce qui vous a poussé à faire un documentaire sur votre mère ? 
Nadir Dendoune : Peu après le placement de mon père en maison médicalisée, j’ai senti qu’elle en avait « gros sur la pomme de terre ». Elle avait besoin de parler. J’ai écrit des livres sur mes parents, et là, sur les conseils d’une amie monteuse, j’ai pris ma caméra. Aujourd’hui, tout le monde utilise un appareil photo, moi, j’ai filmé avec une vieille caméra datant de 1999, avec des cassettes. Ça correspond à ce sujet intime, évoquant le passé, comme un film en Super-8. L’histoire de ma mère est une histoire française : elle vit dans le pays depuis 60 ans. Quand on me parle d’identité, pour moi, c’est du vent, car on appartient aussi au pays où l’on vit. Je voulais marquer le coup, laisser une trace, et que ce film sur elle fasse partie du patrimoine cinématographique français. À part La Langue de Zahra (2011) de Fatima Sissani, il y a très peu d’oeuvres qui donnent la parole aux mamans. Et des films en langue kabyle, c’est extrêmement rare ! 
 
C’est important de le diffuser dans les salles de cinéma ? 
Oui. Je ne voulais pas que mon film soit uniquement projeté dans des maisons de quartier. Il fallait que je dépasse mon complexe de pauvre : il n’y a pas que les riches qui ont le droit de faire du cinéma. Par ton milieu social d’origine, tu hérites de certains blocages. Beaucoup d’enfants de prolétaires, et pas que des Maghrébins, peuvent s’identifier à ça. On ne va pas se mentir, c’est aussi une question de classes : qui écrit des livres, qui réalise des films en France ? Ce sont souvent les bourgeois, les classes supérieures, rarement les pauvres ou les « prolos ». Je suis content de voir que les spectateurs sont émus, intéressés par le film. Quand il y a un débat après la projection, ils y assistent. Je sens alors que Des figues en avril est dans le vrai, que le message passe. C’est aussi un film qui apaise, et je dirais même qu’il en venge certains. Car il rend hommage à des invisibles de la société. Ma mère n’apparaît pas dans le schéma classique de la France, c’est comme si elle n’existait pas. Comme les paysans, les agriculteurs, les habitants du Nord, les Roms, qui sont aussi stigmatisés…
 
Vous dites que vos parents méritent la Légion d’honneur, mais qu’elle ne les mérite pas… 
Mes parents sont des héros français et on ne les a jamais considérés comme tels. C’est important de leur rendre hommage, et ça ne fait pas pour autant de l’ombre à l’apport des autres. Il y a de la place pour tout le monde dans ce pays ! Mes parents ont réussi à élever neuf enfants et aujourd’hui, nous allons tous bien, nous travaillons, etc. Si ça, ce n’est pas du mérite ! Ils avaient très peu d’argent, juste le salaire de mon père, c’est-à-dire l’équivalent de 900 euros, et sont parvenus à tous nous nourrir et nous vêtir. Mon père a toujours été payé au smic. Pour lui, c’était déjà beaucoup d’avoir un travail. Ils ont vécu dans un quartier populaire, sans nounou pour les aider à s’occuper des enfants… Si l’un d’entre eux a des difficultés en maths, tu ne peux pas lui payer des cours de soutien, ou l’envoyer à Londres pour muscler son anglais. Alors oui, ils mériteraient comme tant d’autres parents, peu importe l’origine, d’être décorés. Mais quand on voit à qui la Légion d’honneur est octroyée, parfois, il y a de quoi rire : Nicolas Sarkozy, Isabelle Balkany [adjointe au maire de Levallois-Perret, mise en examen avec son époux pour fraude fiscale, NDLR]… 
Messaouda, 82 ans. Entre les rituels quotidiens, jaillissent des paroles poignantes sur la douleur du déracinement, la nostalgie du pays, l’impossibilité du retour. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE
 
« On n’est pas des bourgeois, on est des paysans », vous répond votre mère quand vous lui suggérez d’aller au restaurant… 
Elle a raison de parler de classes sociales. Aujourd’hui, tout le monde est obsédé par la question identitaire. Or, quand tu es Blanc, fils de prolétaires ou de chômeurs, né dans un quartier populaire ou dans un village de province, tu galères ! Si tu es Noir ou Arabe dans la même situation, c’est encore plus dur car le racisme s’ajoute. Mais si tu es Noir ou Arabe et fils d’ambassadeur ou de général, tu souffres moins que le Blanc chômeur ou ouvrier. On ne le dit jamais, mais il faut rétablir certaines vérités ! Pour mieux diviser les pauvres, l’élite française les a catégorisés en « races » : les Juifs, les Blancs, les Arabes, les Noirs… Nous, quand on était petits, on se définissait en termes de classes. On était tous des fils de prolétaires. Dans mon quartier, il y avait des Juifs, des Blancs, des Noirs, des Arabes, des Italiens, des Espagnols, des Indiens, des Portugais… Et on avait une vraie rage contre l’élite bourgeoise parisienne qui nous prenait de haut, qui voulait qu’on reste dans notre ghetto. Mes frères avec qui j’ai grandi s’appellent Alain, Yannick, Abdel… Pas juste Mohamed ! J’ai une vision de classe et non pas de « race », et ce n’est plus dans l’air du temps. À part l’extrême gauche, même les politiques de gauche, le Parti socialiste, n’en parlent plus, Mélenchon met l’accent sur la nation… Je ne suis pas dans cet état d’esprit. Déjà, on peut avoir quarante identités ! Et l’identité, encore une fois, c’est là où tu vis. J’ai passé huit ans en Australie, forcément, je suis un peu de ce pays. C’est pour ça que ma mère est aussi Française, elle y a passé 80 % de sa vie. Elle participe à la vie de la cité, elle a élevé des enfants français, elle fait ses courses au marché, elle regarde ses jeux à la télé, le journal de 13H… Elle connaît bien Claude François, Charles Aznavour, Francis Cabrel… 
 
Elle est pourtant habitée par la nostalgie de l’Algérie… 
Ma mère est une funambule entre ses deux pays. Ici et là-bas, elle oscille constamment entre bien-être et décalage. Elle est bien sûr imprégnée de l’Algérie, elle y a vécu jusqu’à ses 25 ans. Quand elle se retrouve en Australie, à l’autre bout de la planète, elle est frappée par les figues car ça lui rappelle son pays ! C’est dire si ça la poursuit… Mais tout ce temps passé en France l’a changée, tout comme les gens en Algérie évoluaient autrement pendant ce temps. Et ceux qu’elle aime sont en France. Elle veut y être enterrée, pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. C’est la difficulté : même si son coeur est en Algérie, elle vit dans une réalité française. Et elle est parfois en décalage, car quand tu ne sais ni lire ni écrire, tu es disqualifiée d’office. Personne ne lui a proposé de prendre des cours de français. Il y a eu un problème dans l’accueil de ces gens venus d’ailleurs. Et puis, c’est une dame d’un grand âge, et elle est pauvre… Elle porte tous ces stigmates. Même si elle utilise certains mots de la langue, elle ne parle pas l’arabe et ne le comprend pas. Car elle n’a pas été à l’école : au temps de la colonisation, seulement 10 % des Algériens avaient le droit d’y aller. Mais aujourd’hui, dans son quotidien, finalement, elle est bien. Tout le monde la connaît dans son quartier, l’aide à porter ses courses, elle a ses amies, ses voisins… C’est devenu son village ! Une réalité à mille lieues de l’image négative que véhiculent certains confrères journalistes : on vit bien en banlieue. 
 
Pourquoi vos parents ne sont-ils pas retournés en Algérie ? 
Ils venaient d’un petit village où il n’y avait pas de travail. Ils étaient très pauvres. Ils pensaient toutefois qu’ils allaient revenir, donc ils y ont construit une maison, cultivant ce mythe du retour. Sauf que plus ils vivaient en France, plus ils appartenaient à ce pays. Et ma mère s’attendait à élever des petits Kabyles, mais elle s’est rendu compte que nous étions Français ! L’artiste kabyle Slimane Azem, que l’on entend dans le film, a été le premier à chanter l’exil. Mes parents l’écoutaient du matin au soir. C’est un artiste majeur qui a accompagné beaucoup de familles dans leur exil. J’ai souvent senti que mes parents étaient en souffrance. Et forcément, je ne pouvais pas être bien, c’est mécanique. J’ai hérité de ce traumatisme migratoire, alors que je n’ai pas vécu cet éloignement. Quand ma mère allait chez le médecin, il ne lui demandait pas comment elle allait. Il lui prescrivait des médicaments, alors qu’elle aurait peut-être eu besoin de consulter un psy, pour parler de son exil… La dépression n’existe pas chez les Maghrébins de cette génération. Dans les pays du tiers-monde ou du quart-monde comme on dit, qui va chez le médecin quand il déprime ? Pour tout ce qui concerne le mental, la génération de mes parents va plutôt voir une voyante. 
 
Quel lien entretenez-vous avec l’Algérie ? 
Comme beaucoup d’enfants d’immigrés, j’ai grandi avec des non-dits. Ma mère ne m’a jamais parlé de l’Algérie. J’aurais aimé qu’elle me raconte la guerre, la colonisation… Je pense qu’elle ne voulait pas me perturber. Alors j’ai appris tout ça plus tard, dans les livres. Ce syndrome post-traumatique de l’exil saute une génération. Je suis beaucoup plus en colère que mes parents. J’aurais aimé qu’elle me parle en kabyle, car aujourd’hui, je ne parle pas cette langue. On a encore une maison là-bas, mais quand j’y vais, je ne me sens pas chez moi. J’aimerais garder ce lien avec l’Algérie, mais c’est difficile. Construire une maison pour y vivre trois semaines par an… Il n’y a que les bourgeois qui peuvent faire ça. 
 
Pourquoi tout le film se déroule dans son appartement, sans scènes extérieures ? 
Je voulais un huis clos, que l’on soit dans son univers, avec elle. Je ne voulais pas qu’il y ait d’autres êtres qui interfèrent. Ma mère est la plus belle, c’est elle la star ! Et puis on n’est pas obligés de tout montrer, c’est bien d’imaginer. Et il était hors de question d’aller filmer mon père à la maison médicalisée. Il y a une pudeur à respecter. Je ne travaille pas pour ces chaînes de télévision voyeuristes. Quand on écoute ma mère, on comprend combien elle prend soin de son mari. C’est difficile pour elle car dans sa culture, on « n’abandonne » pas ses proches. C’est un sujet très tabou. Le film est lent, ça colle à son image. Elle est philosophe, elle estime que la nouvelle génération ne prend pas le temps de vivre, comme moi qui suis très « speed » ! Elle, elle prend son café pendant deux heures… Elle raconte sa vie, ne revendique rien, elle a de l’humour, ne s’apitoie pas sur son sort… Elle est sociologue aussi, elle exprime une vraie parole d’exilée, comme personne. C’est fort quand elle dit : « Nous sommes venus vivre sur la terre des Français, que Dieu nous pardonne. » Je savais qu’elle allait incarner une vraie culture. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, disait Rabelais. 
 
La scène du repas de famille, où votre mère s’affaire pendant que tout le monde est à table, fait souvent débat après les projections… 
On voit pourtant ma soeur lui sommer de se reposer. Mais qui, dans les familles maghrébines, arrive à faire asseoir sa mère lors d’un repas ?! Qui parvient à entrer dans sa cuisine pour l’aider ? Ma mère a 82 ans, et son plaisir, n’en déplaise aux féministes, c’est de faire plaisir à ses enfants et petits-enfants. Si on lui enlève ça, elle ne se sent plus utile. Pour moi, il n’y a pas un modèle de féminisme, chacune doit faire ce qu’elle veut, choisir comment elle veut vivre sa vie, s’habiller, etc. Ma mère dit aussi quelque chose de très important : elle travaillait à la maison, et son époux travaillait dehors. En France, on appelle ça une femme au foyer. Mais élever neuf enfants, c’est un vrai boulot, très difficile ! On lui a acheté une machine à laver, un lave-vaisselle… Elle ne s’en sert pas ! Par ailleurs, en France, on nous fait croire que c’est Nicolas Hulot le pionnier de l’écologie… foutaises ! (Rires) Ce sont les mamans maghrébines ! L’eau de la douche sert aussi à nettoyer le sol, pour faire la vaisselle, chaque filet d’eau est compté…
 
Comment a-t-elle réagi au visionnage du film ? 
J’ai voulu lui montrer avant qu’elle ne se voie sur grand écran, mais elle avait toujours mieux à faire, des courses, le sol à laver… Quand le film a été projeté au Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris, le lendemain, seulement, elle m’a donné son avis : « Le film est bien, mais ça m’embête car ma cuisine n’est pas rangée… » ! Elle m’en veut un peu pour ça ! (Rires) Elle ne comprend pas que ça intéresse un public, qu’il la trouve extraordinaire, car pour elle, elle a juste raconté sa vie. Maintenant, elle met une heure à faire ses courses, car des gamines lui demandent de faire des selfies avec elle ! Ça la touche. Avant le film, elle était connue comme étant la mère de Nadir, maintenant c’est moi qui suis son fils, et c’est très important ! Ma fierté aussi, c’est que des personnes de la génération de mes parents viennent voir le film alors qu’ils n’ont jamais mis les pieds dans un cinéma. 
 
Ce film est aussi une manière de vous réapproprier votre histoire ? 
Oui, c’est primordial. Pendant des décennies, et aujourd’hui encore, les hommes ont parlé à la place des femmes, ce qui permet aussi de contrôler les propos, et que les femmes n’aillent pas trop loin. Eh bien, de la même manière, les bourgeois parlent à la place des habitants des quartiers populaires. Enfants, on en avait ras le bol ! Les gens qui racontent notre vie, et se font de l’argent dessus en plus ! C’est ça qui m’a donné envie d’écrire et de faire des films. C’est aussi une forme d’émancipation. Je n’ai besoin de personne. La banlieue, soit elle est fantasmée, soit elle est détestée. Et les gens de Paris et d’ailleurs croient nous sauver en devenant nos porte-parole, parce qu’ils ont un complexe de supériorité et mauvaise conscience. C’est aussi parce qu’on est pauvres, on n’a pas les mêmes armes pour se défendre. Si on donnait la parole aux principaux concernés, ça sonnerait plus juste et vrai ! Les films sur la banlieue, souvent réalisés par des bourges, sont caricaturaux, présentent une vision très noire, apocalyptique : la délinquance, la drogue, la violence, l’extrémisme religieux… Ça fait 40 ans qu’on nous dit que les sauvages sont de l’autre côté du périphérique. Or avec ces histoires de harcèlements sexuels, de #balancetonporc, on se rend compte que les plus gros pervers sont les hommes de pouvoir, ceux qui ont du fric ! Maintenant, je m’octroie le droit de raconter mes histoires, avec toutes les nuances et subtilités. J’y vis depuis 40 ans, dont je suis légitime. Et mon film, en fin de compte, ne parle pas de la banlieue mais d’un thème universel. 
 
Quels sont vos goûts cinématographiques ? 
Les films japonais, canadiens, australiens, belges, turques, algériens, les américains indépendants… En France, il y a quelques très bons cinéastes, mais c’est quand même toujours les mêmes acteurs et les mêmes réalisateurs depuis 20 ans… Et les histoires de bourgeois où le mari trompe sa femme, ou l’autre n’arrive pas à garer sa Porsche… ça m’emmerde ! J’aime les films qui parlent des vrais gens. La vie des anonymes est plus intéressante que celle des stars.