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Nicolas Kazadi

Par Sabine.CESSOU - Publié en avril 2016
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ÉCONOMISTE

« Le potentiel d’un nouveau Brésil »

Conseiller économique, il dirige l’unité des stratégies et politiques du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Lomé (Togo).

LA TRANSITION qui a suivi les accords de paix de 2002, avec reprise de la coopération sur fond de montée des cours du cuivre, a permis à l’État d’investir dans les infrastructures. Certes, la corruption a explosé et tout reste à faire sur le plan des fondamentaux, qu’il s’agisse de l’état d’esprit des gens par rapport au travail, de la création de richesses et de la structuration de l’économie. Des progrès énormes n’en ont pas moins été réalisés. En témoigne le montant du budget de l’État, passé de 500 millions de dollars en 2006 à 7 ou 8 milliards aujourd’hui. La reprise de la coopération et la privatisation du secteur minier ont apporté des ressources en devises qui ont permis de mettre fin à l’hyperinflation. Le grand drame, c’est que le code des investissements fait la part belle au secteur privé. Les sociétés minières ne sont pas taxées comme elles devraient l’être. Les taxes et impôts se limitent à 12 millions de dollars. La chute des cours du cuivre donne aujourd’hui un nouvel argument aux sociétés privées contre l’impôt. Le pays affiche donc une belle croissance de 8 %, qui reste totalement extravertie et non inclusive.Autre problème : la poussée démographique, qui suppose de planifier le développement en mettant l’accent sur l’éducation. Or le pays est pris dans un tel élan de corruption que les responsables ne sont pas concentrés sur ces questions. Les sociétés minières sont obligées de faire venir des équipes d’Inde, ce qui paraît insensé sur un marché de 75 millions d’habitants. En 2011, le secteur formel ne comptait que 1 million de salariés, dont 600 000 fonctionnaires et 400 000 employés dans le secteur privé ! Avec trois actifs pour un retraité, la RDC affiche un ratio proche des pays à démographie déclinante.

C’est pourtant une terre d’opportunités dont le potentiel est celui d’un nouveau Brésil. Il lui manque un accès minimal au crédit et une classe d’entrepreneurs. Moïse Katumbi reste une exception. On l’a vu au Nigeria, la dernière transition politique s’est bien déroulée. Ce pays compte une bonne dizaine de milliardaires qui disposent d’un poids politique important, et jouent un rôle stabilisateur.