Aller au contenu principal

Nina Bouraoui : « Écrire, c’est résister »

Par Astrid Krivian - Publié en avril 2019
Share

De son enfance en Algérie à ses années parisiennes où elle vit enfi n sa sexualité, l’écrivaine ausculte la mémoire, l’héritage familial. Et s’interroge : comment se construit notre identité ?

Elle présente son nouveau roman, Tous les hommes désirent naturellement savoir, comme la 16e pièce d’un château qu’elle bâtit depuis son premier ouvrage, en 1991, La Voyeuse interdite (prix du Livre Inter). L’écrivaine franco- algérienne, traduite dans une quinzaine de langues, emprunte son titre à une citation d’Aristote pour cette quête de soi à travers l’exploration de la mémoire et de l’histoire familiale. L’écriture déroule le fil des épisodes fondateurs de sa vie, ausculte les souvenirs de cette enfant née d’un père algérien et d’une mère française, qui grandit dans l’Algérie des années 1970, pays d’une beauté envoûtante, d’une violence sourde. Elle découvre la naissance du désir, la sensualité des femmes, prend conscience de sa différence. Puis ce sont ses années à Paris, à 18 ans, où elle commence enfin, dit-elle, à « occuper sa nature homosexuelle ». Un livre truffé de phrases d’une densité poétique, d’uppercuts sur la beauté, la cruauté, la douceur. Pour l’auteure, prix Renaudot pour Mes mauvaises pensées (2005), il s’agit aussi d’un acte de résistance et d’un outil d’instruction face à l’intolérance envers les minorités.
 
DR
AM : Votre livre, qui explore la mémoire, est-il une quête identitaire ? 
Nina Bouraoui : Il interroge notre rapport à la liberté : est-ce que nous naissons libres ou est-ce que nous le devenons ? Et finalement, nous ne le sommes jamais, donc la liberté ne seraitelle qu’une vue de l’esprit ? Est-ce que l’on construit son destin seul, ou épaulé par des fantômes, héritier d’une histoire qui n’est pas la nôtre ? Cet héritage n’est pas uniquement familial mais aussi plus ancestral, c’est pour cela que j’évoque les peintures rupestres du Tassili n’Ajjer [massif montagneux du Sahara algérien, ndlr]. Nous dépendons tous d’une mémoire générale, c’est le sel de l’humanité, ce qui abolit les différences. Je pointe d’ailleurs la différence : est-ce qu’elle existe ? Est-ce que l’homosexualité en est vraiment une ? Ce récit est un peu instructif pour expliquer à ceux qui, en France, défilaient il y a cinq ans contre le mariage et le droit à l’adoption par des couples de même sexe, qu’un adulte homosexuel a d’abord été un enfant homosexuel. Ce livre, c’était serrer dans mes bras l’enfant que j’ai été, un âge à la fois heureux et très compliqué, poétique et très cru, car j’ai vite compris que la vie ne serait pas la même pour moi. Quand on est différent, il faut s’armer de courage, de patience, de force. La littérature fait partie des armes pour se défendre et s’assumer.
 
Vous êtes la fille d’un couple mixte : votre père est algérien et votre mère française. 
Mon père est parti de son pays pour étudier en France, où il a rencontré ma mère en pleine guerre d’Algérie, en 1960. Ils font un mariage d’amour mais aussi politique, car la famille de ma mère n’accueille pas d’un très bon oeil cette liaison avec ce jeune Algérien. Ils ont peur, l’Algérie traverse une guerre effroyable, sauvage, cruelle dans les deux camps. Mais mes parents sont des résistants, des intellectuels. Il y a quelque chose de très symbolique dans leur union, qu’ils nous ont transmis, à ma soeur et à moi : nous sommes les enfants d’une guerre, pas uniquement d’un mariage mixte. C’est un héritage pas toujours évident à porter. Ma mère s’installe en Algérie après l’indépendance, tandis que la majorité des Français quittent ce pays, souvent avec le coeur gros parce que les Algériens et les Français, en règle générale, s’adoraient, hormis cette colonisation. 90 % des Français n’étaient pas de méchants colons, c’étaient même souvent des personnes exerçant des métiers plutôt modestes, qui faisaient partie d’un même peuple. Je n’ai jamais ressenti de racisme, de haine envers l’Algérie de la part des pieds-noirs que j’ai pu rencontrer. C’était plutôt une histoire d’amour brisée.
 
Votre mère devient d’ailleurs plus algérienne que votre père, dites-vous… 
Oui. Elle arrive dans ce pays où les Français ne sont alors pas très bien accueillis, parce que l’OAS [Organisation de l’armée secrète, une milice pro-Algérie française] a commis des exactions épouvantables. Elle a un coup de foudre, un choc esthétique auquel il est difficile d’échapper en Algérie, car c’est un pays incroyable, sublime, magnétique. Et malgré le rejet qu’elle a parfois pu ressentir en tant que Française, étrangère, elle nous enseigne la bienveillance et la patience. Elle se fait aimer, a beaucoup d’amis, travaille, recrute des Algériens… Et avec sa GS bleue, nous traversons le pays jusqu’aux confins du Sahara. Comme beaucoup de Français, les coopérants qui venaient dans les années 1970, elle en tombe amoureuse. Peutêtre grâce à ce lien particulier avec la France, mais aussi parce que son peuple est très bouillonnant, attachant, intelligent, mélancolique également. C’est un pays qui a traversé beaucoup d’épreuves, la décennie noire des années 1990 nous l’a maintes fois prouvé, et les Algériens ont parfois tendance à dire, hélas, qu’il est maudit. Mais c’est un pays qui s’est relevé, auquel il faut rendre hommage. C’est aussi ce que j’ai essayé de faire ici.
 
Vous décrivez sa nature enchanteresse comme un paradis perdu lié à celui de l’enfance… 
On a tous un paradis perdu de l’enfance, même si elle a été malheureuse. L’enfance est le territoire d’une certaine sauvagerie. Et peut-être celui de la seule liberté, même si l’on est parfois sous le joug d’une pression familiale. Un enfant est pur. Certes, on va lui instruire une morale, lui apprendre à ne pas frapper, ne pas voler, ne pas mentir… Mais à l’inverse des adultes, il ne juge pas car il est protégé par un pilier fort : la poésie. C’est ce que j’ai essayé de préserver tout au long de ma vie en devenant écrivaine, en restituant la poésie qui manquait à ce monde très violent. Petite, je ne vivais pas beaucoup dans la ville, car Alger était une ville dangereuse, bouillonnante certes, mais dans laquelle un enfant ne se promène pas seul. Donc on intègre très vite la nature, aux portes de la ville, c’est un pays très vierge, pas ouvert au tourisme. Les criques sont très sauvages, les campagnes hallucinantes de beauté. Il y a les montagnes, le désert du Sahara… Tout ça a été une manne, une chance, ça m’a forgée, ça m’a donné un sens esthétique, poétique. Cette nature a été le berceau le plus doux, le plus joyeux, le plus extraordinaire pour l’écrivaine que j’allais devenir.
 
Que représente pour vous le Sahara ? « C’est la vie haute », écrivez-vous… 
Il m’a relié à mes racines, à mes origines, et aussi au mysticisme. J’ai été élevée par un père musulman pratiquant dans la solitude, ne cherchant pas à imposer sa religion, à mon sens un musulman moderne, et par une mère, athée anarchiste anticléricale. Nous n’avons donc pas reçu d’enseignement religieux, et cela m’a manqué. Comme tous les enfants, j’étais traversée de questions existentielles effrayantes : le vide, l’infini, Dieu ou pas, la mort… Dans le désert, on allait à l’Assekrem, refuge du Père de Foucauld [ermite et prêtre chrétien, ndlr]. Les pères qui nous accueillaient marchaient des kilomètres vers les villages, non pour l’évangélisation car il y avait un respect pour les musulmans, mais pour instruire, apprendre à lire et à écrire, apporter des médicaments, parfois de la nourriture… La religion sera toujours pour moi associée à la bienveillance, la gentillesse, la douceur. Et cette nature est de l’ordre de la divinité. Le désert a été la rencontre avec une force qui me dépasse, où j’ai appris le sens de Dieu, du grand, de l’absolu.
 
Vous racontez aussi votre « enfance homosexuelle »... 
Très vite, je fais un complexe d’identité : je ne me sens ni vraiment fille, ni vraiment garçon. Entre les deux. Je sais que je suis différente. Nous sommes dans les années 1970, et pour mes parents, universitaires intellectuels, le débat est très important, et aussi la liberté d’être. Alors, on me laisse faire. Je me choisis un autre prénom, je m’habille comme je veux, plutôt en garçon, j’ai les cheveux très courts. Parce que je sais aussi que la force est du côté des hommes en Algérie, pays extrêmement viril. Je me sens floue dans mon identité, mais ce n’est pas un problème. Mon père voyage beaucoup pour son travail, il est assez absent, alors je grandis avec ma mère, ma soeur, mais aussi avec toutes leurs amies. Tous les week-ends, c’était bivouac, escapades, plaisir dans les criques au soleil. Un tableau esthétique inouï, une sorte de gynécée, des tableaux de Delacroix, avec ces femmes d’Alger… J’ai grandi dans une résidence où toutes les portes s’ouvrent, les voisins se connaissent, s’embrassent, et ces femmes algériennes me prennent dans leurs bras, me serrent contre leurs seins. L’origine de la douceur, ce sont les femmes. Et c’est tellement normal de les aimer, d’en tomber amoureuse, je n’y vois aucune perversité, rien de malsain. C’est ma nature.
 
Ça se complique à l’adolescence ? 
Oui, car la sexualité arrive. Déjà, pour tout adolescent, c’est compliqué, parce que le désir expérimenté est une façon de quitter l’enfance, une étape à franchir, un rite de passage pour devenir adulte, même si on ne l’est pas encore. Et on ne veut pas quitter le groupe, on veut ressembler aux autres, appartenir à une tribu avec des codes communs. Donc on n’a pas envie de dire que l’on ne ressent pas que de l’amitié, de la tendresse pour sa meilleure amie. Les adolescents ont cette cruauté absolue de ne pas accepter la différence. En tout cas, pas dans les années 1980. J’en fais l’expérience au lycée à Zurich, je suis outée [obliger quelqu’un à révéler son homosexualité ou le faire à sa place sans son consentement, ndlr], je deviens la fille infréquentable, mais aussi l’ovni. Ça ne dure qu’un mois car je me suis toujours débrouillée pour être populaire. Finalement, on va me « passer » ça, on va l’oublier. Et je fais quelque chose de terrible : j’accuse d’homosexualité la personne qui a révélé qui je suis. Le pire crime quand on est soi-même homosexuel ! Je déclenche le rejet commun à tous les jeunes homosexuels : le dégoût de soi, sa propre homophobie, la volonté de réintégrer le groupe.
 
C’est lors de votre retour à Paris, à 18 ans, que vous commencez à « occuper votre nature homosexuelle »… 
Pour lever ce flou, cet interdit, il faut que je passe à l’acte. Je me rends quatre fois par semaine au Katmandou, club parisien réservé aux femmes, où je suis la plus jeune. Dans ce lieu se joue un théâtre de sentiments, de passions, je m’aperçois que c’est encore compliqué pour ces femmes de vivre leurs amours à l’extérieur. Il y a un enjeu presque politique : rencontrer quelqu’un, c’est occuper sa propre nature. Les tensions sont vives, j’assiste à beaucoup de bagarres, je regarde ça un peu de loin, depuis le bar. Ces femmes ont 20, 30, 40 parfois 50 ans de plus que moi. Et ce qui est intéressant, c’est que le désir, de façon illusoire, fédère tous les milieux sociaux : infirmières, médecins, prostituées, anciennes détenues, retraitées, couturières, avocates… Tout ce petit monde se côtoie, se mélange et se déchire. Je vais alors intégrer une bande de filles un peu foldingues, et c’est là où je vais apprendre mon métier : en recueillant les confidences, en observant, en volant un peu de leurs histoires, en rentrant chez moi dépitée. Car ces femmes s’abîment beaucoup, dans l’alcool, la drogue, les paradis artificiels, la violence. Elles ne s’aiment pas elles-mêmes, parce que l’extérieur ne les aime pas. Notre société doit en prendre conscience : le rejet des homosexuels les plonge dans une forme d’autodestruction permanente. Peut-être un peu moins maintenant même si j’en doute vu le nombre d’agressions homophobes à Paris, qui s’est démultiplié depuis quelques années. Peut-être parce que l’on parle plus d’homosexualité et qu’il y a une visibilité, mais la haine aussi est de plus en plus visible.
Remise des prix littéraires Goncourt (François Weyergans pour Trois jours chez ma mère) et Renaudot (Nina Bouraoui pour Mes mauvaises pensées) au restaurant Drouant, à Paris, en 2005. DENIS ALLARD/RÉA
 
Que vous ont inspiré les manifestations en France, en 2012 et 2013, contre le projet de loi autorisant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe, finalement promulgué ? 
C’était très étonnant, car en Espagne, en Belgique, cela n’a pas suscité autant de réactions. En France, grand et magnifique pays que j’adore, il y a hélas encore des relents nauséabonds dont il faut se méfier. La violence du monde fait naître l’extrémisme, et ce sont toujours les mêmes qui paient, les plus fragiles : les femmes, les étrangers, les enfants, les minorités… Le fort se nourrit du plus faible, c’est la triste marche du monde. Les outils culturels sont de très belles armes pour aider les personnes différentes, mais aussi éduquer les parents. Il faut que cela entre à l’école, au lycée, et que l’on sache que l’homosexualité n’est pas un choix. Elle fait partie de la nature de chacun, ce n’est ni une perversion ni une maladie. C’est encore plus compliqué à vivre dans d’autres pays, on a encore un peu de chance en France. Mais nous sommes contaminés par la violence du monde. Ces manifestations ont libéré certains esprits. Cela est valable pour toutes les minorités, qui me semblent de plus en plus violentées. Tant que l’on sera violent avec une femme, un étranger, un enfant, on le sera avec toutes les minorités. La violence n’a pas de camp, elle est partout. Il s’agit de l’Autre en soi : toi qui es différent, toi qui ne me corresponds pas, qui pourrait être une menace car je ne sais pas qui tu es, je vais t’agresser. Nous devrions nous armer de douceur pour comprendre que nous sommes tous tellement égaux : face à la liberté justement, au destin, aux expériences avec le malheur, à la trajectoire de l’existence qui est la même pour tous… Finalement, celui qui est perçu différent ne l’est pas tant que ça.
 
On parle encore très peu de l’homosexualité féminine, qui fait l’objet de nombreux clichés… 
Oui. Elle est réduite soit au fantasme érotique, pornographique, vu par le prisme des hommes, soit à une sorte d’expérience, de mode. Régulièrement, je lis dans les magazines féminins cette espèce de sujet : « Et si aujourd’hui la nouvelle tendance était d’aimer une femme ? » C’est un manque de respect. Car il ne faut jamais oublier que s’accepter en tant que lesbienne ou gay est un long processus, qui commence dès l’enfance. Je reçois beaucoup de courriers de femmes et d’hommes, âgés de 75 ans, 85 ans, me confier qu’ils ne s’assument toujours pas, ou que leur partenaire ne s’assume pas… Ne nous réduisez pas à une tendance. Cela dévalorise notre combat, qui sera contagieux pour toutes les autres luttes. Cette liberté, cette tolérance s’appliqueront aussi à toutes les minorités.
 
Que vous ont transmis vos parents ? 
Le courage. Ce livre m’a appris beaucoup de choses, notamment que je ne m’assumais pas encore totalement. Je donne beaucoup d’interviews, et après avoir affirmé à la télé, en direct, que je suis homosexuelle, je rentre chez moi morcelée. J’ai l’impression d’avoir fait une psychanalyse en public. À 51 ans, je ne fais pas ça pour moi, mais pour tous les adolescents qui se font insulter au lycée, tabasser dans les quartiers, expulser de chez eux et se retrouvent au Refuge, une association merveilleuse mais qui ne devrait pas exister. Mes parents m’ont appris la hargne et l’importance des idées, des combats, une forme de militantisme – même si je suis une artiste, je ne fais pas de politique. J’en fais à ma façon, de la politique poétique, romantique [rires] ! Écrire, c’est résister. Et c’est un long chemin parfois complexe, un sport de combat, car il faut toujours recommencer un nouveau livre, un premier livre, et garder cette innocence-là.
 
Enfant, vous écriviez car le réel était trop étroit ? 
J’étais dans mon monde, très renfermée. C’était très compliqué de communiquer, je n’arrivais pas à entrer dans le réel des autres. Sans doute l’écriture m’a permis de profiter de cette étrangeté pour la convertir en force de vie, de création. Aujourd’hui, le réel ne m’est pas trop étroit mais trop grand, trop immense, trop compliqué, trop violent. J’ai peur de me faire happer. Je suis très gaie, j’aspire à la légèreté, à l’amusement, mais comme tous les êtres, je suis traversée par la noirceur de notre destin commun, la brutalité du monde. Les attentats à Paris en 2015 m’ont reconnectée à la décennie noire en Algérie, à sa solitude. Plongés dans le noir, puisque l’on coupait l’électricité, les villageois se défendaient seuls face aux terroristes qui arrivaient avec des haches, des couteaux, des sabres. Mon livre est aussi un hommage à ces femmes et ces hommes, si courageux pendant ces dix ans d’horreurs, de massacres, qui continuent aujourd’hui ailleurs en Afrique. Un artiste est confronté à l’impuissance d’être un spectateur : comment agir ? Les livres sont une petite goutte d’espérance. Il faut semer des espaces de douceur. La littérature, la musique, le cinéma… ou simplement l’amour. Il faudrait retomber amoureux de l’humanité. C’est naïf, un peu benêt comme discours, mais j’y crois. Les hommes politiques sont dans une tour d’ivoire, dépassés, impuissants, malmenés. La politique est désormais citoyenne, à l’intérieur de nos villes. Aider son prochain, celui à deux portes de chez nous, dans son immeuble, son quartier, sa rue, retrouver la solidarité de la douceur, il n’y a qu’ainsi que l’on s’en sortira.
 
Quel regard portez-vous sur l’Algérie aujourd’hui ? Y retournez-vous ? 
J’ai un regard très tendre sur mon second pays, et je suis toujours à l’écoute de ce qu’il s’y passe. J’y suis invitée régulièrement, mais je n’y vais pas, car j’ai peur de ne plus pouvoir écrire. J’ai réinventé mon Algérie, réécrit une fiction. Je l’ai quittée en 1981, j’y ai vécu mes quatorze premières années, les plus fondatrices. Au fil de mes livres, j’ai raconté mes propres légendes, et mes souvenirs doivent peut-être demeurer intacts. Je n’ai pas envie de les valider pour l’instant. J’ai peur de traverser la fiction. Mais ce serait important pour moi. J’aimerais y retourner, surtout pour ses odeurs très spéciales, et pour cet endroit magique : le rocher plat. On traverse une forêt pour rejoindre la mer, où surgit cet immense rocher poli par les vagues, comme une île posée sur la Méditerranée. Mon être poétique est là-bas, mon double poétique m’y attend. Il est là, mon paradis perdu.