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PME : priorité au financement

Par Francine Yao - Publié en novembre 2021
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Dans l’élan de redynamisation de l’économie, à la suite aussi des effets de la pandémie de Covid-19, les petites et moyennes entreprises devraient bénéficier d’un appui accru.

Même s’il n’est point besoin de revenir sur les effets socioéconomiques de la crise sanitaire qui a paralysé un long moment le monde des affaires, force est de reconnaître que les petites et moyennes entreprises (PME) sont les plus exposées et paient un lourd tribut. Aujourd’hui, nombreux sont les chefs d’entreprise qui cherchent de (nouveaux) repères et surtout des appuis financiers pour reprendre leur activité. Conscient de la situation, le gouvernement ivoirien a rapidement mis en place un vaste programme évalué à environ 1 700 milliards de francs CFA pour soutenir l’ensemble des acteurs du secteur privé, dont le Fonds de soutien aux PME, doté de 100 milliards de francs CFA, et le Fonds de soutien et de garantie aux PME. Mais on a pu relever des lenteurs dans sa mise en oeuvre, liées notamment aux difficultés des entreprises à constituer les dossiers et à satisfaire aux conditions d’éligibilité. Même si des allègements ont été opérés par la suite, la plupart des PME éprouvent encore de la peine à capter les fonds mis à leur disposition par l’État.

L’usine Pepsi Cola du groupe Soft Drinks, à Abidjan. NABIL ZORKOT
L’usine Pepsi Cola du groupe Soft Drinks, à Abidjan. NABIL ZORKOT

PARVENIR À UN DÉGRÈVEMENT TOTAL DES IMPÔTS

Selon le Dr Moussa Elias Farrakhan, porte-parole de la Plateforme unique des PME de Côte d’Ivoire, il est nécessaire de mieux structurer le système financier de ces sociétés : « Les fonds de soutien et de garantie doivent répondre aux difficultés majeures des PME, accentuées par la pandémie de Covid-19. Et nous ne sommes pas sûrs que les remises de fonds soient efficaces. Il faudrait plutôt préconiser des placements conservatoires ou des placements financiers, des structures mutualistes, ou encore des crédits à l’import et à l’export, qui ont davantage d’impact positif sur la poursuite de l’activité et le maintien des emplois. » Selon l’expert, les PME ivoiriennes sont encore confrontées à des difficultés d’accès aux marchés publics, aux commandes publiques, aux financements, au poids de la fiscalité intérieure, aux longs délais de règlements des factures clients, etc. En guise de solution, Moussa Elias Farrakhan exhorte l’État à alléger les impôts non payés par les PME et à parvenir à un dégrèvement total. « Cela n’aurait aucune incidence sur sa trésorerie : l’argent conservé serait réinvesti dans les outils de production pour relancer la machine économique des PME. La logique d’exigibilité des impôts doit laisser place à la logique de trésorerie des entreprises », préconise-t-il. En réalité, l’État a déjà mis en place de nombreuses dispositions institutionnelles et législatives ainsi que des plans et des programmes, tel le plan Phoenix du ministère en charge des PME. Ce plan tient compte de la plupart des besoins et des préoccupations exprimées par les sociétés, notamment la sous-traitance, l’affectation d’une partie des marchés publics aux PME locales, les financements structurés, etc.

​​​​​​​LE RÔLE DES BANQUES

Concernant le financement bancaire, les PME ne sont pas mieux loties en cette période de post-Covid-19, qui a entraîné la baisse de leurs actifs. Pour y remédier, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a pris des mesures pour que les banques commerciales soutiennent l’activité économique et les entreprises. L’une des raisons pour laquelle les banques refusent d’apporter leur financement est la faible capacité managériale de la plupart des gérants de PME. « Le principal défi à relever est d’aider les entreprises à mieux se structurer. Depuis quelques années, nous avons développé des packs de services dédiés et travaillons à créer le lien entre les banques et les entreprises, afin de permettre aux deux entités de mieux se connaître », explique Faman Touré, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI). Il ajoute que son institution a signé des conventions de partenariat avec plusieurs banques commerciales ivoiriennes. « Et nous disposons de programmes tel que le Club Equity, et d’autres cadres de facilitation avec des banques commerciales de la place », précise Faman Touré.

                                                                 Le recours à la finance islamique

L’une des agences de l’institution Raouda Finance, dans le quartier des Deux Plateaux. NABIL ZORKOT
L’une des agences de l’institution Raouda Finance, dans le quartier des Deux Plateaux. NABIL ZORKOT

Avec l’intérêt croissant pour la finance islamique à travers le monde, considérée comme un canal potentiel de mobilisation de capitaux additionnels en provenance des pays du monde arabe, et notamment du Golfe persique, rien d’étonnant à ce que les PME ivoiriennes suivent le mouvement. Selon le rapport de Thomson Reuters sur le développement de cette finance, en 2018, on dénombrait plus de 700 institutions financières islamiques opérant dans le monde. La valeur totale des actifs de ce secteur a été multipliée par 16 entre 1990 et 2018, passant de 150 milliards de dollars à plus de 2 500 m illiards – soit une progression fulgurante de 1 565 % –, et devrait atteindre plus de 3 800 milliards à l’horizon 2023. Des ressources colossales, dont la Côte d’Ivoire et ses PME devraient pouvoir tirer profit. 

 

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