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C’EST COMMENT ?

QUEL CLIMAT ?

Par Emmanuelle Pontié - Publié en février 2019
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La dure réalité, la culture ancestrale et l’absence de moyens sont autant de freins aux prises de conscience vertes pour un avenir meilleur. DOM

Tiens, tiens… Est-ce que ça bougerait un peu côté environnement en Afrique ? Inauguration d’un Centre africain pour le climat et le développement durable à Rome fin janvier, organisation d’un One Planet Summit le 14 mars prochain à Nairobi… Très bien, très bien. Au programme des bonnes résolutions et des discussions : la promotion des énergies renouvelables, le renforcement de la biodiversité, l’agriculture intelligente… Car on l’a lu et relu, l’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais 65 % de la population du continent est considérée comme étant directement touchée par le changement climatique. Alors, il faudrait un peu… agir. D’abord sur les gouvernements africains, qui, au-delà de reléguer la question verte à la dernière place des priorités et de la laisser végéter au fin fond d’un ministère pauvre, ne voient pas le début d’une solution de financement pour les aider à faire face.
Ensuite, il faudrait travailler vaillamment sur les mentalités et les réalités du quotidien du citoyen lambda, dans son quartier ou son village. Car franchement, à part regarder d’un oeil curieux un chef d’État et son cortège qui se dirigent vers un terrain vague pour une cérémonie de plantation de 100 arbustes, les populations ont (encore) d’autres chats à fouetter avant de se soucier du réchauffement de la planète, de la pollution ou des trous béants dans la couche d’ozone. Primo, trouver du travail, nourrir ses enfants, les soigner, les éduquer, etc. Et pour un villageois, arrêter de couper du bois de chauffe, qui entraîne une déforestation sauvage, passer aux énergies renouvelables ou se mettre à de nouvelles techniques agricoles, ce n’est pas demain la veille !
La dure réalité, la culture ancestrale et l’absence de moyens sont autant de freins aux prises de conscience vertes pour un avenir meilleur. Et vouloir QUEL CLIMAT ? La dure réalité, la culture ancestrale et l’absence de moyens sont autant de freins aux prises de conscience vertes pour un avenir meilleur. imposer des sacs en papier à la place des plastiques, sans faciliter au préalable le lancement d’usines à… papier, comme au Rwanda par exemple, ben ça marche pas. Ou encore parler du tri des ordures dans les quartiers quand les décharges de fortune se trouvent derrière les maisons, ben ça marchera pas non plus. Bien sûr, l’impulsion viendra d’en haut, et les grandes réunions internationales qui incluent l’Afrique et invitent leurs dirigeants sont importantes. Bien sûr, il faut multiplier les initiatives en faveur des biocarburants ou du solaire, soutenir des projets privés, publics, intelligents, petits et grands, les mener à bout. Mais pour que tout cela avance, se concrétise, il faudra absolument prendre en compte l’environnement social, avant l’environnement tout court. Sinon, on en restera aux grands discours et aux voeux pieux ou, pire, aux financements inutiles, dilapidés par de mauvaises politiques, inadaptées au contexte local.