Rêves d’émergence
La bauxite et l’or tirent la croissance du pays, qui a dépassé les prévisions du FMI pour la deuxième année consécutive.
L’épisode Ebola qui avait brisé, en 2014 et 2015, la dynamique de croissance économique en Guinée, est désormais un mauvais et lointain souvenir. L’élan a repris de plus belle, démentant les pronostics les plus optimistes du Fonds monétaire international (FMI). L’institution de Bretton Woods avait prévu, pour 2016, une croissance du produit intérieur brut de 5,2 %. Il a crû de 6,6 %. En 2017, même scénario : une croissance de 6,7 % contre 5,4 % prévus. Un acronyme barbare explique ces performances : le PNDES, pour Plan national de développement économique et social. Ce cadre stratégique quinquennal (2016-2020) est une sorte de feuille de route élaborée par les sherpas du président Alpha Condé, qui veut mettre son pays en ordre de marche vers l’émergence, prévu par la Vision Guinée 2040. L’amélioration du cadre institutionnel à travers un grand dépoussiérage de la législation en matière minière, l’introduction de nouveaux critères de transparence sur les contrats et concessions, un meilleur contrôle sur les opérations d’exportation de l’industrie extractive. Tout cela a considérablement augmenté les recettes du Trésor public. Dans la bauxite, les opérateurs règlent désormais rubis sur l’ongle l’or rouge avant qu’il ne quitte les eaux territoriales de la Guinée, à l’image de la Société Minière de Boké qui devrait payer, en 2018, plus de 100 millions de dollars en taxes d’exportation contre 85 millions, en 2017. L’exploitation artisanale des mines d’or a injecté plus de 800 millions de dollars dans l’économie guinéenne. Les investissements prévus par le PNDES devront mettre à niveau les infrastructures, faire face au déficit d’énergie électrique et relancer l’agriculture qui n’exploite que deux millions des six millions d’hectares de surface agricole utile que compte le pays. La mise en oeuvre de ces objectifs devra mobiliser 14 milliards de dollars, dont 32 % en investissement directs étrangers (IDE).