Thomas Morand
«L’Afrique doit se tourner vers elle-même»
Les impacts du ralentissement économique chinois se font déjà sentir. Les années fastes de la «Chinafrique» sont probablement derrière nous. Les ambitions des «Nouvelles routes de la soie» sont revues à la baisse. Le continent doit donc se tourner vers de nouvelles sources de croissance et de financement plus autonomes. Analyse de Thomas Morand, expert aux études économiques du Crédit agricole et spécialiste de l’Afrique subsaharienne.
AM: Comment expliquez-vous le ralentissement économique en Chine?
Thomas Morand: Le tassement du secteur immobilier, l’évolution démographique (vieillissement de la population, hausse du chômage des jeunes) et la fragmentation géopolitique contribuent chacun à la situation actuelle. Ce nouveau contexte implique une certaine prudence: en toute logique, l’appétence du pays a diminué pour les investissements et les prêts considérés comme étant à risque. Cela explique la baisse drastique des prêts vers l’Afrique subsaharienne, une zone qui présente d’autant plus d’inconvénients que plusieurs nations sont en proie à une crise de l’endettement.
Cette dépression chinoise va-t-elle perdurer? Le Wall Street Journal pronostique déjà une «décennie perdue»...
Ce ralentissement est d’une ampleur significative, et risque de perdurer. Par ailleurs, l’expression «décennie perdue» évoquée par le Wall Street Journal pourrait tout aussi bien concerner l’Afrique...