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NAOWARAT/SHUTTERSTOCK
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Focus

Toujours aussi rare, toujours plus cher

Par Cédric Gouverneur - Publié le 7 février 2025 à 14h29
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Depuis l’Antiquité, le métal jaune constitue pour l’humanité une valeur refuge lors des périodes troublées. Ces dernières années, la crise financière de 2008, la guerre en Ukraine et celle à Gaza ont fait bondir son cours.

Symbole universel de prospérité, il a toujours régné en maître sur l’économie. Fondu et refondu, le métal jaune ne s’altère jamais. Malléable, il a fait le bonheur des orfèvres, des Ashanti aux Aztèques, en passant par les Scythes et les bijoutiers de la place Vendôme à Paris. Il peut aussi faire perdre la raison, poussant parfois au pillage, à la trahison, au meurtre. Combien de conquêtes coloniales, de massacres, de mises en esclavage la quête de l’or – Eldorado des conquistadors – a-t-elle motivé tout au long de l’Histoire? Si l’or suscite tant d’avidité, c’est parce qu’il ne pâtit jamais des crises: à l’inverse des monnaies (dollar, euro, rand, etc.) ou des produits financiers (actions, obligations, emprunts, cryptomonnaies, etc.), il ne peut pas être dévalué, et sa valeur est partout reconnue, à Wall Street comme dans le plus isolé des villages.

57000 TONNES ENCORE ENFOUIES

C’est donc immanquablement vers ce placement sûr que se tournent épargnants et investisseurs en cas de péril économique ou géopolitique: invasion militaire, krach… Dans les années qui ont suivi l’effondrement boursier d’octobre 1929, le cours de l’once (31,10 grammes) avait quasiment doublé. Le phénomène s’est répété après la crise des subprimes: l’once est alors passée de 1000 dollars en 2008 à 1900 en septembre 2011. Mis à part un bref reflux à la fin de l'année 2015, du fait de la stabilisation de l’économie américaine, la tendance haussière ne s’est depuis lors jamais démentie, boostée par les crises à répétition. La pandémie de Covid-19 a ainsi fait grimper l’once à 2000 dollars en août 2020. L’invasion russe de l’Ukraine, à partir du 24 février 2022, puis la guerre entre Israël et le Hamas, dès le 7 octobre 2023, ont incité les banques centrales à acquérir toujours plus d’or comme garantie et assurance dans l’hypothèse de bouleversements futurs. Face à cette demande en hausse, le cours de l’once d’or a donc crû de 40% depuis février 2022, atteignant 2600 dollars, selon la London Bullion Market Association (LBMA), l’organisme de certification de l’or raffiné. Des millions d’épargnants ont, malgré l’inflation, plus que doublé leur mise en l’espace d’une quinzaine d’années. Et l’once frôlait les 3000 dollars (2940, exactement), lundi 3 février !

Selon le World Gold Council (WGC), qui regroupe les industriels de l’or, les banques centrales ont acheté 1082 tonnes de métal jaune en 2022, 1037 tonnes en 2023, et 483 tonnes au premier semestre 2024. Elles détiendraient au moins 20% des réserves mondiales d’or, estime le WGC. À noter également que les bijoux représentent près de la moitié de la demande en or, et que les deux tiers sont achetés par les citoyens de deux pays, l’Inde et la Chine. Éternel, l’or a donc un bel avenir devant lui. Le United States Geological Survey estime qu’il resterait 57000 tonnes d’or à extraire sur la planète. Et environ 40% des réserves se trouveraient dans le sous-sol du continent !