Trois questions à...
Omar Cissé, cofondateur d'Intouch et de Teranga capital
Par
Cédric Gouverneur
Publié le 17 août 2018 à 09h43
Omar Cissé, 41 ans, ingénieur diplômé de l’école polytechnique de Dakar, a lancé en 2014 la start-up InTouch, une plate-forme qui rend interopérables les solutions de paiements sur mobile.
1 Comment vous est venue l’idée d’InTouch ?
Omar Cissé : Rien qu’à Dakar, environ 20 000 points de vente proposent des transferts d’argent, des crédits pour téléphone, des services bancaires de paiement sur mobile. Or, ces solutions ne sont pas interopérables ! Chaque acteur vient avec son propre téléphone, avec des solutions différentes selon les opérateurs, divers mots de passe… Nous avons donc tout intégré sur une plate-forme unique : avec InTouch, les commerçants ont affaire à une seule plate-forme, avec une hotline d’assistance disponible 24/7. Total a cru dans notre solution et l’a acceptée dans ses stations-service, avant d’entrer au capital. Nous avons 6 000 clients au Sénégal, 600 en Côte d’Ivoire, 600 au Mali, 200 au Cameroun, et nous serons présents au total dans huit pays à la fin de l’année.
2 Quel soutien avez-vous reçu lors du lancement de votre entreprise, désormais fl orissante ?
Aucun ! Nous avons démarré avec quatre ingénieurs, nous avons travaillé sur fonds propres, avec les moyens du bord. Et aujourd’hui, nous employons près de 200 personnes… Nous avons ainsi participé au lancement de Teranga Capital : un fonds d’investissement positionné sur le fameux missing middle, ces entreprises trop grosses pour bénéficier du microcrédit mais trop petites pour les banques. Teranga Capital investit dans les PME, de 75 000 à 450 000 euros. L’idée est de donner un coup de pouce au démarrage, puis de sortir du capital au bout de cinq ans.
3 Quels sont les principaux défis que doivent affronter les jeunes entrepreneurs sur le continent ?
L’environnement, en particulier fiscal, n’est pas incitatif. Ensuite, les partenaires externes veulent accompagner des sociétés bien gérées. Il faut donc renforcer les structures d’accompagnement des entreprises dans leur phase d’apprentissage, les accompagner dans la gestion, et créer un régime fiscal plus incitatif. Il y a beaucoup de discussions entre le patronat et les gouvernements, mais ce qui touche aux recettes de l’État reste bien évidemment sensible.