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Mémorial du génocide de Kigali.OSCAR ESPINOSA/SHUTTERSTOCK
OSCAR ESPINOSA/SHUTTERSTOCK
Anniversaire

Un holocauste africain

Par Cédric Gouverneur - Publié en avril 2024
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Près d’un million de morts en cent jours. L’importation des théories racistes européennes a ravagé les « mille collines », aboutissant au dernier génocide du xxe siècle. Trente ans plus tard, la traque des responsables se poursuit.

Le 6 avril 1994, peu après 20 heures, le Falcon transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira est abattu par un missile sol-air, tandis qu’il approchait de l’aéroport de Kigali et que les deux chefs d’État revenaient tout juste de pourparlers de paix en Tanzanie. L’origine du tir fatidique – extrémistes hutu ou FPR – demeure incertaine. Dans les heures qui suivent, la mécanique génocidaire se déploie, méthodique et implacable: gendarmes, soldats et miliciens interahamwé («ceux qui combattent ensemble») vérifient les cartes d’identité, où figure la mention de l’ethnie, et massacrent tous les Tutsi sans distinction. Les routes sont quadrillées de barrages, les frontières fermées, les maisons fouillées, et les Hutu qui cachent des Tutsi sont eux aussi tués. Dans les villages, sur les collines, bourgmestres et fonctionnaires distribuent des machettes aux Hutu. Encouragés par les discours haineux diffusés sur les ondes de la Radio des Mille Collines, fanatisés par trente années de propagande, les villageois sont incités...

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