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GATTONI/OPALE.PHOTO
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Fiction

Un kaléidoscope humain
au cœur de la cité portuaire

Par CATHERINE FAYE - Publié en septembre 2024
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Les différentes facettes du peuple égyptien à l’époque de Nasser, sous la plume d’Alaa El Aswany, AU SOMMET DE SON ART…

ALAA EL ASWANY, Au soir d’Alexandrie, Actes Sud, 384 pages, 23,50 €. DR
ALAA EL ASWANY, Au soir d’Alexandrie, Actes Sud, 384 pages, 23,50 €. DR

«ALEXANDRIE avait quelque chose de particulier, d’impossible à définir, sinon par sa chaleur humaine. À Alexandrie on n’était jamais seul. Il était impossible de s’y sentir marginalisé ou rejeté.» C’est dans la ville mythique du littoral méditerranéen égyptien, longtemps célébrée comme la capitale du cosmopolitisme, que l’auteur de L’Immeuble Yacoubian (2002), best-seller traduit dans 34 langues et porté à l’écran par Marwad Hamed en 2006, assoie son nouveau roman. Une fresque humaine et historique, où une bande d’amis explore la complexité de l’Égypte de la fin des années 1950, sous le régime de Gamal Abdel Nasser, parvenu au pouvoir quatre ans après avoir renversé le roi Farouk. Unis par leur attachement profond à leur pays, les personnages se retrouvent le soir dans le bar-restaurant Artinos de la cité portuaire, exprimant chacun ses opinions et ses questionnements, à la lumière de ses origines, de sa personnalité et de son quotidien. Se divisant aussi quant à leur nouveau leader, l’un des hommes d’État les plus influents du XXe siècle, avec sa politique socialiste et panarabe, mais également ses dérives autoritaires et la répression féroce qu’il imposa à ses adversaires. Au fil des chapitres, le lecteur s’installe d’abord dans la langueur et les charmes d’Alexandrie, s’immisce dans la vie de chaque protagoniste, ainsi que dans l’histoire égyptienne, puis bascule dans un quasi-thriller politique, tandis que le régime se durcit: réformes, surveillance, incarcérations… Passé maître dans l’art de révéler ses personnages, de les réunir ou de les diviser, Alaa El Aswany, s’est toujours emparé des enjeux sociaux de son pays d’origine. Six ans après J’ai couru vers le Nil (2018), où il narrait la révolution égyptienne de 2011 à travers une panoplie de personnages liés les uns aux autres, il continue de défendre ardemment les valeurs de la démocratie. Romancier, nouvelliste et essayiste, celui qui fut l’un des piliers de la révolution égyptienne vit aujourd’hui aux États-Unis, où il enseigne la littérature.