Variations au sommet
Il paraît que le continent africain est à la traîne. En matière de développement économique et humain, d’industrialisation. Il paraît aussi qu’il est champion en matière de pas mal de maux : insécurité, corruption, mal-gouvernance, sécheresse, famine. Ceci expliquant peut-être cela, le monde entier se bouscule à son chevet pour le soutenir, l’aider. Les organisations et les institutions financières internationales multiplient les lignes de crédit pour des projets structurants, des idées utiles innovantes, des routes, des écoles, des barrages, créent et annulent les dettes. Mais avant tout, l’Afrique est devenue peu à peu une formidable terre d’opportunités, surconvoitée par les pays du monde entier. Vive le multilatéral, le business Sud-Sud, et la palette incroyablement variée d’offres business qu’elle arrive à capter.
Il suffit de comptabiliser le nombre impressionnant de sommets bilatéraux qui l’englobent. Finie l’époque de l’omniprésent sommet France-Afrique, qui a changé de nom par pudeur après 2010 pour devenir « Afrique-France », voire de format en 2021 pour sa 28e édition, où Macron était le seul chef d’État face à de jeunes Africains… Bref, à force de critiques, la formule se cherche, sans vraiment trouver le ton. Mais dans l’intervalle, il a fallu compter avec les sommets États-Unis-Afrique, Chine-Afrique, Inde-Afrique… Et pas seulement avec des « pays-continents », puisque le président Erdogan, lors du 3e Sommet de partenariat Turquie-Afrique, organisé en plein Covid-19, en décembre 2021, avait décidé d’envoyer 15 millions de doses de vaccins à l’intention des nations africaines, tout en permettant à ses entreprises de signer un nombre record de contrats avec le continent « pauvre ».

En juillet, nos chefs d’État sont invités à SaintPétersbourg par Vladimir Poutine pour le Forum de partenariat Russie-Afrique. Un partenariat économique, certes, mais hautement politique d’abord, au moment où le conflit avec l’Ukraine met la grande nation au banc des accusés dans le monde occidental et que son influence grandit sur le continent noir. Dans un an, ce sera au tour de l’Angleterre, qui récidive avec une deuxième édition à Londres du sommet Royaume-Uni-Afrique. Lors de son premier round, en 2020, près de 27 contrats pour un montant d’environ 8 milliards de dollars y avaient été signés. Et je passe volontairement sur la multiplication des rencontres entre les Unions, européenne, africaine, et autre Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), où le Japon est coorganisateur.
Bref, notre « pauvre » Afrique excite drôlement les papilles du monde. Elle devrait finir par en tirer profit. En mode BtoB. Version XXIe siècle. Débarrassée des complexes et des pesanteurs d’hier.
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