Volte-Face
À Lens, le Béninois Roméo Mivenkannin revisite les chefs-d’oeuvre du Louvre.

C’est dans le Pavillon de verre, dans lequel la nature et le paysage s’invitent, que l’artiste, d’abord formé à l’ébénisterie et à l’architecture, expose son travail, consistant ici en une réinterprétation d’oeuvres célèbres dont il se saisit. Cette démarche politique interroge nos héritages, collectifs et intimes, et propose une relecture à contresens de l’histoire. La technique de cet arrière-petit-fils de Béhanzin (r. 1889- 1894), dernier roi du Dahomey et opposant à la colonisation française au Bénin, s’inspire du vaudou, dont il utilise des élixirs issus de pratiques rituelles. Il en imbibe des tissus récupérés qu’il coud ensemble et sur lesquels il repeint les toiles qu’il reproduit en y insérant son autoportrait. Parmi les oeuvres choisies, le Radeau de la Méduse le naufrage d’une frégate en partance pour les colonies, au large de la Mauritanie , où Roméo Mivekannin se glisse dans la peau de l’homme noir qui agite le drapeau de l’espérance, figure héroïque que Géricault avait représentée pour s’insurger contre l’esclavage, au sommet du tableau. Excepté qu’ici, l’homme regarde le spectateur. Tel un clin d’oeil. Telle une revanche.
«ROMÉO MIVEKANNIN, L’ENVERS DU TEMPS», Louvre-Lens, Lens (France), jusqu’au 2 juin. louvrelens.fr/