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FIFOU
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Interview

Yamê en bon chemin

Par Sophie Rosemont
Publié le 14 juillet 2025 à 14h15
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Avec son premier album, l’artiste français d’origine camerounaise bouscule la pop hexagonale de son inventivité.

AM: Pourquoi avoir choisi d’appeler cet album Ébem, très beau terme mbo?

Yamê: À l’image d’Elowi, mon premier projet, j’avais à coeur que le nom de ce récit initiatique aux allures de conte vienne de mon père. En discutant avec moi de tous ces enjeux, le terme Ébem lui est venu très naturellement: «C’est un lieu sacré où les gens se rencontrent pour apprendre. “Dans l’Ébem” signifie “dans le cercle de la famille”.»

Hip-hop, soul, musiques africaines, électro… Quelle était votre intention artistique dans cet album très libre, puisant dans nombre d’univers musicaux?

C’est un album qui voyage entre les genres non pas pour faire un patchwork gratuit, mais parce que c’est ainsi que je ressens la musique: comme un langage fluide, libre, sans frontière. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant la destination que le chemin. Ébem est le récit de ce parcours-là, du mien. Je voulais proposer une oeuvre qui ne se laisse pas enfermer dans des cases. J’ai toujours eu un côté un peu geek, fasciné par les technologies, les mondes virtuels, et cette introspection prend parfois des détours numériques, futuristes, presque cybernétiques. Mais le propos reste profondément humain.

En quoi la culture camerounaise vous inspire-t-elle?

Elle fait partie intégrante de ma manière d’être, de créer, de penser. Elle se manifeste par des rythmes, des langues, des sonorités, mais aussi dans ma façon de raconter, d’improviser, dans mon rapport au collectif, à l’oralité. Même quand je fais du rap ou que je touche à des sons très contemporains, il y a toujours quelque chose de cette culture qui transparaît en filigrane, telle une base indélébile.

Quand avez-vous su que vous alliez dédier votre vie à la musique?

Lors du confinement. Je me suis retrouvé face à moi-même, sans les repères habituels, sans les distractions du quotidien. Et j’ai compris que je ne pourrai jamais vraiment me consacrer à une vie uniquement guidée par la sécurité financière. Ce que je voulais, c’était m’exprimer, toucher les gens. La musique est devenue une évidence. 

YAMÊ, Ébem, Believe.
En tournée française et européenne cet automne,
notamment à la Philharmonie de Paris le 22 novembre.