Zoulikha Bouabdellah, au nom de la subversion…

Subversion que l’on retrouve dès ses premières vidéos. Dans Minaret (2001), elle fait se trémousser cet élément architectural sacré au rythme d’une chanson de Khaled. Pour Dansons (2003), elle a paré son bassin d’un voile bleu brodé de piécettes d’or, puis un blanc, et encore un rouge avant d’esquisser une danse du ventre au son de La Marseillaise. Sa façon à elle de dénoncer le « caractère exotique » des valeurs républicaines qui « restent encore à conquérir ». Les thèmes de l’identité et du lien entre les différentes cultures sont très présents dans le travail de cet artiste et d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement pour cette Franco-Algérienne qui est née à Moscou, a grandi à Alger, dans le musée des Beaux-Arts que dirigeait sa mère, a étudié à Paris et exposé aux quatre coins de la planète ?
Aujourd’hui, elle semble s’engager dans une nouvelle voie. En témoignent les sculptures calligraphiques du mot hobb (« amour » en arabe) en plexiglas qu’elle se plaît à colorier et positionner comme pour réinventer un Kama-sutra arc-en-ciel. Avec Noun, une vidéo où l’on voit danser la lettre la plus « érotique » (elle ressemble à un sein) de l’alphabet arabe, qui est montrée dans le cadre de cette exposition, elle prouve une fois de plus, son profond attachement à son héritage culturel arabe qu’elle aime à subvertir avec talent.
Par Fadwa Miadi
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