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Côte d’Ivoire

Abidjan, en attente

Par webmaster - Publié en août 2020
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La capitale économique se prépare à l’après-Covid et à assumer son destin de métropole africaine et globale.
 
Depuis 2011, « Babi » avait progressivement retrouvé tout son souffle, s’imposant comme l’une des portes d’entrées de l’Afrique émergente, une cité globale ouverte sur le monde, un meltingpot impressionnant de cultures et d’origines. Ici, on parle toutes les langues de l’Afrique de l’Ouest ou presque, ici, expatriés français, libanais, chinois, vietnamiens sont venus chercher fortune ou une nouvelle vie. La mégalopole de 5 millions d’habitants a vu sa capacité d’accueil se renforcer considérablement avec l’ouverture de plusieurs structures hôtelières de toutes catégories, l’arrivée de marques internationales. Un écosystème dopé par un calendrier de conférences très actif et par la localisation de nombreux sièges d’entreprises qui s’intéressent à la Côte d’Ivoire, mais aussi à toute la région. La Banque africaine de développement (BAD) a été la première à réintégrer la ville en 2014, après onze ans d’« exil » à Tunis. Ce retour fortement encouragé par le Président Ouattara a été rendu possible grâce à la stabilité politique et au retour de la paix. Une importante campagne de réhabilitation des immeubles du quartier des affaires du Plateau a été menée à bien pour pouvoir accueillir le staff, dans un premier temps, dans la tour CCIA, puis dans l’immeuble historique de la BAD rénové. En avril 2017, le siège de l’International Cocoa Organization (ICCO) a quitté Londres pour les bords de la lagune. Un transfert particulièrement symbolique qui réaffirme le rôle du pays, premier producteur mondial de cacao. Jusqu’à ces dernières semaines, la cité vivait de jour comme de nuit, dans un mouvement créatif et frénétique de ses différents centres-villes (Plateau, Cocody, Marcory, Deux-Plateaux…), ses villes dans la ville (Adjamé, Yopougon, Abobo…), étendant son rythme hors les murs vers les multiples méandres de la lagune, vers la chic Assinie, en bord de mer, ou Grand-Bassam, raccordé par la nouvelle autoroute… Évidemment, la pandémie est venue mettre Abidjan en « mode pause ». Restaurants, maquis et boîtes de nuit ont dû fermer, la ville a été isolée du reste du pays, et les liaisons aériennes avec le monde ont été suspendues. Depuis, elle est comme en attente, ce qui ne l’empêche pas de se construire, de se penser autrement. De préparer son retour. Le chantier est permanent : organiser l’aménagement en eau et en électricité, réhabiliter les tours administratives du Plateau, protéger la lagune et le patrimoine vert, comme le parc national du Banco, réinventer des lieux condamnés, telle l’ancienne décharge d’Akouédo. La capitale économique va se doter d’un parc des expositions et d’un centre de convention à proximité de l’Aérocité de l’aéroport Félix HouphouëtBoigny. Le 4e pont de la ville, qui raccordera Yopougon au Plateau, devrait être inauguré d’ici fin 2020. Un 5e pont va relier le Plateau au quartier résidentiel de Cocody, enjambant la baie en plein aménagement. Malgré les obstacles et les défis multiples, la ligne 1 du métro – le projet de transport urbain le plus ambitieux d’Afrique subsaharienne (coût estimé à 1,5 milliard d’euros) – avance. Le tracé sera long de 37 km et desservira 18 stations, du nord (Anyama Centre) au sud (Aéroport). Les travaux devraient démarrer fin 2020. Enfin, le pays prépare l’édition très attendue de la Coupe d’Afrique des nations 2023, dont Abidjan sera évidemment l’épicentre. Le magnifique stade olympique d’Ebimpé a été livré début mai, malgré la crise. La cité lutte, résiste au virus, se prépare, sans renoncer à ses ambitions, car elle comptera plus de 10 millions de citoyens à l’horizon 2040.