Adama Benoît Yéo
«Nous sommes dans le peloton de tête en Afrique en matière de TNT»
Le directeur général de la Société ivoirienne de télédiffusion (IDT) explique le bond qu’a fait le pays dans la télévision numérique terrestre et les prochains défis auxquels l’entreprise doit faire face.
AM: Quel est le rôle de l’IDT?
Adama Benoît Yéo: Dans le cadre de l’évolution technologique, l’Union internationale des télécommunications a demandé au pays en 2006 de passer du mode de diffusion analogique à celui de diffusion numérique. Avec tous les avantages que cela procure. Sur le plan technique, le numérique nous permet de diffuser sur une seule fréquence et nous offre la possibilité de distribuer plusieurs programmes en même temps. La qualité de l’image et du son est, en outre, bien meilleure. Aujourd’hui, les chaînes de télévision éditent les programmes, et l’IDT les diffuse. Nous avons donc créé l’infrastructure technique qui nous permet de diffuser toutes les chaînes, et nous sommes aussi en charge de la maintenance et de l’exploitation de cette infrastructure.
Cela concerne sept chaînes en Côte d’Ivoire?
Il s’agit en effet de NCI, Life TV, 7info, A+ Ivoire, RTI1, RTI2 et La 3. Et nous diffusons également un «mux», autrement dit un multiplex payant, qui s’appelle EasyTV.
Vous êtes en phase terminale du déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT). Qu’en est-il aujourd’hui? Le territoire est-il complètement couvert?
En 2019, nous avons lancé la couverture TNT à Abobo, au Centre national d’exploitation. Une inauguration réalisée par feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Et quel que soit le pays, la TNT se déploie région par région. Ainsi, nous sommes passés au centre, à Bouaké, ensuite à l’ouest, à l’est, etc. Jusqu’à ce que nous atteignions les 35 sites qui font la couverture de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la population a accès à la TNT à 94,6%.
Quid des 4% restants?
Ce sont des zones blanches, difficiles d’accès techniquement. Comme les bas-fonds ou autres. On fera le maximum pour les couvrir, mais ça va être un peu plus long.
Où se situe le pays par rapport à la sous-région en matière de développement de la TNT?
En ce qui concerne la TNT, il y a deux volets complémentaires: l’infrastructure à mettre en place, à construire, et les textes réglementaires qui encadrent l’activité. La Côte d’Ivoire valide ces deux points. Du côté des pays de la sous-région, les textes ne sont en général pas encore à jour, ou ils peinent à construire l’infrastructure, parfois car le terrain n’est pas adapté, ce qui complique la mise aux normes. Donc la plupart rencontrent des soucis. En résumé, nous sommes dans le peloton de tête en Afrique.
Quels sont les nouveaux challenges pour l’IDT ?
Nous avons achevé l’infrastructure, nous diffusons toutes les chaînes et nous nous attelons à l’exploitation – c’est-à-dire qu’il faut assurer la maintenance et la continuité des images, afin qu’i l n’ y ait pas de coupures, etc.
Quel est le potentiel de la TNT ?
Elle va permettre de créer des services à valeur ajoutée. De notre côté, nous avons lancé le projet VSAT, qui consiste à assurer la connectivité des entreprises à l’intérieur du pays. En effet, les réseaux de télécoms ne couvrent pas tout le territoire. Prenons un exemple simple: celui d’une banque sur notre territoire qui aurait des problèmes de liaison avec sa banque mère. Eh bien, nous serons capables de remédier à ce souci.
Je crois que l’on peut aussi procéder à l’archivage des programmes et développer des applications mobiles ?
Absolument. Nous sommes capables de réaliser l’archivage des programmes des chaînes que nous diffusons. Nous avons également pour projet d’assembler tous les programmes des éditeurs, dans l’optique de les réunir dans une application pour téléphones portables. Nous sommes en pourparlers avec les chaînes à ce sujet .
Le développement de la fibre est en cours.
Est-ce que cela vous concerne ?
En tant que diffuseur national, nous avons notre rôle à jouer dans le développement de la fibre. C’est une structure étatique qui gère son déploiement, et il n’est pas tout à fait terminé. Mais nous avons souscrit pour son exploitation, parce que c’est bien entendu un moyen de transmission de programmes en dehors du satellite. Nous sommes en discussion avec le ministère pour effectivement pouvoir l’exploiter. Avec elle, nous pourrons par exemple pallier les carences de s opérateurs cellulaires .
Enfin, le pays accueille la Coupe d’Afrique des nations de football dans quelques mois . Comment l’appréhendez-vous en tant que diffuseur ?
Ce sera la RTI qui retransmettra l’événement sur le plan national. Donc ils produiront , et nous diffuserons. C’est un vrai challenge, car si certains Ivoiriens venaient à rater des matchs à cause de soucis techniques, ce serait notre faute ! Mais nous sommes convaincus que tout se passera bien.