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Fespaco

Alain Gomis remporte l’Étalon d’or pour « Félicité »

Par Jean Marie Chazeau - Publié en mars 2017
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Le réalisateur franco-sénégalais a obtenu samedi 4 mars son deuxième Étalon d’or lors de la 25e édition du Fespaco de Ouagadougou pour son film « Félicité ».

"C'est un grand honneur de recevoir ce trophée pour la deuxième fois". Le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis commençait ainsi son discours de remerciement ce samedi 4 mars après avoir remporté l’Étalon d’or lors de la 25e édition du Fespaco de Ouagadougou, au Burkina Faso. Il avait en effet été récompensé une première fois au festival du film panafricain, en 2013, avec son film « Tey » (Aujourd’hui). Cette fois-ci, au centre de tous les regards, « Félicité », sa dernière création. Ce film venait par ailleurs d’être récompensé avec l’Ours d’Argent à la Berlinale en février.

L’HISTOIRE D’UNE FEMME PUISSANTE

Félicité chante tous les soirs dans un bar de Kinshasa. Voix déchirante, en transe, puissante… Elle chante pour gagner sa vie et bientôt pour sauver celle de son fils. Ainsi commence le nouveau film d’Alain Gomis, qui après des portraits d’hommes (dans L’Afrance, Andalucía, Aujourd’hui), nous attache au parcours d’une femme, et quelle femme… Pour son premier rôle à l’écran, Véro Tshanda Beya imprime l’image et entraîne le spectateur de tout son corps. Lorsqu’elle sourit la première fois, c’est tard, aux trois quarts du film, et c’est un soleil qui se lève.

  

 

Souvent sombre et dramatique, ancré dans le réel chaotique de Kinshasa, le récit est ainsi ponctué de moments de grâce, comme ces séquences de répétitions de l’orchestre symphonique de la ville, ou ces échappées quasi fantastiques vers un monde mythologique, qui va aider Félicité à renaître. Le réalisateur franco-sénégalais s’est immergé dans une ville qu’il ne connaissait pas, il a su la faire vivre à l’écran… et en lingala. Sa caméra dans les rues la nuit comme le jour, sur les marchés, aux carrefours, sait se faire oublier. Au cœur du film, Félicité forme avec son fils et… son réparateur de frigo, un trio de gens de peu, mais qui dépassent leur condition sociale. Parviendront-ils à se sortir de leurs problèmes d’argent, de santé, de cœur ? C’est un peu le suspens du récit, mais ça va plus loin.

Alain Gomis le dit lui-même : « J’essaie de rendre la vie telle que je la côtoie, se réapproprier des héros dont  le but n’est pas la fuite.  Ce ne sont pas des vies au rabais,  elles sont belles et dignes. » Et c’est réussi, le résultat n’a rien  de misérabiliste, porté par une jeune femme habitée  par son rôle, de vrais personnages, un point de vue derrière la caméra, et la musique du Kasai Allstars.