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Alpha Blondy
« Dansons pour célébrer une nouvelle Afrique ! »

Par Astrid Krivian - Publié en octobre 2018
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À 65 ans, il est toujours jeune avec ses quarante ans de carrière et ses millions d’albums vendus, sa musique n’a rien perdu de sa portée engagée, il dénonce, il évoque le spirituel en chacun d’entre nous, il appelle à une véritable réconciliation nationale et à un réveil, enfin, des consciences du continent. Entretien exclusif à Paris, à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Human Race.
 
Quand le reggae arrivera en Afrique, il prendra une autre dimension », prédisait Bob Marley. Depuis presque 40 ans, la star ivoirienne Alpha Blondy incarne cette dimension, s’appropriant ces rythmes jamaïcains à l’esprit contestataire pour revendiquer ses messages socio-politiques. Son dessein ? Provoquer l’éveil des consciences des Africains, de la diaspora, interpeller les hommes politiques sur les maux du continent. Célèbre pour ses tubes comme Sweet Fanta Diallo, Brigadier Sabari, Jérusalem, chantant en français, en dioula, en anglais, l’artiste de 65 ans aux millions de disques vendus dans le monde revient avec son nouvel album Human Race. Révolté par l’égoïsme des politiciens, les promesses non tenues – Political Brouhaha –, il alerte dans Nos Hôpitaux sur l’état dramatique des établissements en carence de moyens, devenus « des mouroirs ». Des textes empreints aussi de spiritualité, lui pour qui Dieu est indivisible, qui chante Jésus, Mahomet, Adonaï, Jah. Pendant notre entretien, il ponctue chaque fin de réponse d’une bouffée de sa cigarette électronique. Vapoter, un pas vers l’arrêt définitif ? « J’avais arrêté, mais les mutineries des militaires en Côte d’Ivoire m’ont fait replonger », regrettet- il. Paradoxe d’un chanteur fustigeant le pouvoir mais qui a soutenu différents chefs d’État ivoiriens, dont l’actuel président Alassane Ouattara, il déplore la division de la classe politique du pays. Alpha lance un appel urgent à l’amnistie, à la libération des prisonniers de la crise post-électorale de 2010-2011 pour une réconciliation nationale.
 
AM : Vous présentez votre dernier album, Human Race, comme un hommage à l’espèce humaine. Un pied-de-nez au pessimisme ambiant ?
Alpha Blondy : Oui. Pourquoi perd-on autant de temps à ne parler que des côtés négatifs de l’humanité ? Nous sommes supposés être 7 milliards. Si parmi eux, il y a un milliard d’imbéciles, cela ne doit pas nous empêcher de savourer les autres bonnes personnes, qui représentent la majorité. L’humanité mérite d’être aimée parce que son créateur est un Dieu parfait. Il a tout prévu pour que notre passage sur Terre soit agréable. Donc ne nous attardons pas sur les quelques cons, même s’ils sont très bruyants. Ne nous laissons pas captiver par le négatif. Ma grand-mère me disait : « Si tu cherches Dieu et que tu dépasses l’homme, tu ne verras plus jamais Dieu. » Dieu commence dans la présence et le regard de l’autre ! Donc ça affecte mon comportement par rapport à lui. Dans le Coran, Dieu dit : « Je suis plus près de toi que ta veine jugulaire. » Chaque être possède en lui cette parcelle divine.
 
Dans le morceau éponyme, vous chantez que « L’Afrique doit être unifiée ». Vous croyez cette unité possible ?
Bien sûr. Il y a déjà une prise conscience chez les nouveaux présidents, ils sont à l’oeuvre, avec le projet d’une monnaie unique par exemple, en Afrique de l’Ouest… Les coups d’État récurrents disparaissent peu à peu pour faire place à des présidents véritablement élus, pas « élus » par les armes ! Pour parler de façon « humanoïde », c’est l’ignorance politique qui empêchait l’Afrique de s’unifier jusqu’ici. Et d’un point de vue spirituel, le continent suit sa feuille de route, comme Dieu l’a écrit. Son histoire ne commence ni avec l’esclavage ni avec la colonisation, ce sont des étapes, ce sont toujours les mêmes plaies qui saignent mais il faut qu’on avance. L’homme africain est en train de se reconstruire, les nouvelles générations en témoignent.
 
Vous dites que chaque être sur Terre a une mission divine. Quelle est la vôtre ?
C’est de donner du bonheur, de l’amour, et j’en reçois beaucoup en retour… Dieu m’inspire toutes mes chansons. Il met sur ma route des musiciens qui traduisent fidèlement les émotions. Chacun de nous a une feuille de route, comme nos empreintes digitales, et qui sont souvent complémentaires. Il faut que vous, journaliste, soyez là pour faire écho à vos lecteurs de mes propos. Chacun de nos gestes, de nos actes a une résonance dans l’univers. Tout contribue à cette harmonie.
 
Mais au-delà du plaisir musical, votre musique est porteuse d’une conscience sociale et politique…
Ça fait partie de cette mission d’amour, you know. Car je ne suis pas hypocrite avec mon créateur. Quand quelque chose ne me paraît pas bien, sans juger, je donne mon avis. Je n’ai pas le droit de condamner l’autre, mais je vais dénoncer par exemple le manque de médicaments dans les établissements de santé, le désespoir des médecins dans ma chanson Nos hôpitaux… Pourquoi nos présidents africains viennent-ils se faire soigner en Europe, tandis que dans leurs pays, le peuple est en train de crever ? Je dresse un constat, en espérant qu’ils vont corriger le tir. C’est une réelle urgence, ce problème des hôpitaux en Afrique.
 
Vous avez déclaré être un incompris. Dans quel sens ?
Parce que je vais à Jérusalem, à l’église chrétienne du Saint-Sépulcre et au Mur des lamentations des juifs, et que ma grand-mère était musulmane, donc je vais à la mosquée. Et je chantais Adonaï, Jésus, Allah, alors on me demandait : mais quel Dieu adores-tu ? Mais la réponse est simple, il n’y qu’un Dieu et il est indivisible. Dans mon émission littéraire « Radio Livre » sur Alpha Blondy FM, on a lu le Coran en entier, à cause des mauvaises interprétations actuelles, où n’importe qui se proclame érudit et incite les enfants à la mort. On a lu ensuite l’Ancien Testament, pour que nos auditeurs le comprennent, et qu’ils mettent en marche leur discernement. Dans ces écrits, Dieu dit : « Nous avons fait descendre la Torah pour les enfants d’Israël à travers Moïse, qui est un prophète de Dieu », « Nous avons fait descendre l’Évangile à travers Jésus le fils de Marie qui est aussi un messager de Dieu, et le Coran à travers Mahomet pour confirmer ce que nous avons dit dans la Torah et l’Évangile. » Il s’adresse aussi aux gens du Livre : « Ne vous laissez pas diviser. » Alors ? Qu’est-ce que les gens n’ont pas compris ?!… 
 
Vous croyez donc à la vie après la mort ? Est-ce que ça vous aide à ne pas la craindre ?
Peur de la mort ? Ce n’est pas le bon mot. Je crains Dieu. Toutes les religions monothéistes parlent de jugement dernier, de paradis, d’enfer. Lorsque l’on mourra et que l’on nous ressuscitera, chacun rendra compte de ce qu’il a fait, des prescriptions qu’il a respectées ou pas, s’il n’a pas tué, été mauvais… Et puis on entrera au paradis, un jardin où coulent des ruisseaux. Maintenant, si tu as « largué » Dieu, que tu as tué… là aussi, il t’attend ! Lui qui m’a mis dans le ventre de ma mère décidera de l’heure où je m’en irai. Donc de quoi ai-je peur ? Puisque Dieu est là. Et que c’est formel : il ne peut pas ne pas être. Toutes les nuits, quand nous dormons, nous mourons d’une certaine façon, personne ne perçoit l’instant où il sombre dans le sommeil. Le jour où Dieu me dira : « Écoute Alpha, ta mission est terminée, viens à la maison », alors j’imagine que je m’endormirai sans me réveiller… 
 
Parlez-nous de votre émission littéraire « Radio Livre ». C’est important pour vous de transmettre le goût de la lecture ?
Oui. Comme j’étais tout le temps en tournée, j’offrais des livres à mes enfants, pour qu’ensuite ils me les racontent. J’applique cette méthode à la radio. Et comme ça, les gens qui ne savent pas lire peuvent écouter. RFI a trouvé une belle formule : sur Alpha Blondy FM, on lit avec les oreilles ! Nous lisons des oeuvres que les auditeurs n’ont pas eu le temps ou la chance de lire : le Coran, l’Ancien Testament, Les Misérables de Victor Hugo, Une brève histoire du temps du physicien Stephen Hawking, Une si longue lettre de Mariama Bâ, Le monde s’effondre de Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Hemingway, Voltaire, Da Vinci Code… Ce n’est pas gentil, mais quelqu’un a dit que les Africains n’aiment pas lire : si tu veux cacher un secret à un Africain, tu le mets dans un livre ! Nous, on veut briser ça, non seulement pour les adultes, mais aussi pour les jeunes. Car c’est bien Internet, les réseaux sociaux, mais il faut lire aussi ! Cela permet de voyager dans l’esprit de l’auteur. Tu t’abreuves dans le savoir de l’autre, et ça peut changer ton rapport avec les gens. Car parfois, on est méchant parce qu’on est ignorant. On n’aime pas l’autre parce qu’on ne le connaît pas. La lecture nous fait voir la beauté de l’espèce humaine. Elle nous aide aussi à relativiser nos épreuves, à ne pas s’apitoyer sur son sort car on découvre plus malheureux que soi… 
 
Dans le documentaire Alpha Blondy, un combat pour la liberté (2010) de Dramane Cissé et Antoinette Delafin, vous racontez pourquoi, enfant, votre mère vous a confié à votre grand-mère, qui vous a élevé. Un marabout aurait prédit que le bébé était un génie, et qu’il fallait que votre mère s’en tienne éloignée…
J’ai une nouvelle lecture de ces événements. Depuis notre naissance, Dieu met des épreuves sur notre route, pour affermir notre foi, notre caractère. Mon exemple n’est rien comparé à d’autres bébés abandonnés dans les ordures. Aujourd’hui, je ne considère pas ça comme quelque chose de mauvais, de méchant. C’est un peu fataliste, mais ça fait partie de ma feuille de route. Comme tout ce que Dieu fait est bon, il fallait que je passe par là. Il m’en a fait baver (rires), pour être ce que je suis maintenant. J’ai eu la chance de voir mes enfants naître, la vie commence par des pleurs. Mais seul l’amour a des larmes. La haine n’en a pas !
 
Vous avez soutenu Alassane Ouattara en 2015 lors de l’élection. Comment jugez-vous la politique du président ivoirien ?
Ouattara est un monsieur bien. Mais la famille politique ivoirienne dans son ensemble doit arrêter de diviser les Ivoiriens. Ils sont incapables de s’unir à cause de leurs intérêts mercantiles, de l’argent facile… Voilà pourquoi Ouattara n’a pas réussi à faire la réconciliation nationale, parce qu’ils n’ont pas soigné le traumatisme de la crise post-électorale de 2010-2011. La politique ivoirienne, les vainqueurs, les vaincus, le peuple… tout le monde est traumatisé. Il y a beaucoup de graves blessures invisibles. J’avais dit aux politiques de tous les camps, longtemps avant cette putain de guerre : je vous vois dans votre gymnastique, je vous avertis que si jamais il y a une guerre, le vainqueur sera inconsolable devant l’étendue de sa victoire. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. On ne peut pas bâtir dans un pays divisé. Dès que l’un construit quelque chose, l’autre le détruit, le sabote… C’est vrai que ce sera dur, mais il faut absolument opérer cette amnistie. Il faut libérer les prisonniers pour que nous soyons une Côte d’Ivoire unie. Ouattara doit prendre cette décision, envers et contre tous, passer outre le traumatisme des autres, c’est lui le chef. Tant qu’il n’y aura pas cette réconciliation générale, la Côte d’Ivoire ne s’en remettra pas. Elle a besoin d’être unifiée pour prendre le chemin d’une vraie émergence, faisant taire les armes pour toujours, relever le défi du développement, d’une démocratie apaisée, pour construire une Côte d’Ivoire comme Houphouët-Boigny l’a fait. Et commençons par sortir Gbagbo de La Haye (Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, est emprisonné à la Cour pénale internationale, jugé pour crimes contre l’humanité, NDLR). Houphouët-Boigny disait : « Je préfère l’injustice au désordre social. » (les larmes aux yeux) Nous parlons beaucoup de Dieu, qui est un Dieu de pardon, de miséricorde. Où sont passés notre compassion, notre sentiment d’amour ? ! Je m’adresse aux Ivoiriens : qu’ils se ressaisissent ! Qu’ils sachent que tout est vanité…
 
Dans une vidéo postée sur Internet, vous avez interpellé les différents chefs d’État africains à propos de l’esclavage en Libye et leur silence face à cette tragédie…
Oui. Les deux principaux responsables de ce fléau sont l’ancien président français Nicolas Sarkozy, qui a bombardé la Libye en 2011, et l’Union africaine, qui reste silencieuse, trop occupée à compter son argent. Mais les gémissements des populations ? Elle semble s’en moquer ! Combien de nos enfants se noient dans la Méditerranée ? Quel est son rôle, qui représente- t-elle ? C’est sa mauvaise politique qui les envoie dans la mer. Ils sont incapables de former une armée africaine, et que ce ne soit pas à la France d’aller défendre le nord du Mali ! Ils évoquent la souveraineté tout en la bradant, ils ne méritent pas de parler au nom des Africains. Paul Kagame (Rwanda), Akufo-Addo (Ghana)… voilà des présidents qui font preuve d’une prise de conscience. Mais 90 % des membres de l’Union africaine sont des marionnettes au service de la France, de l’Angleterre, des États-Unis… Pour garder leur petit fauteuil, leurs petits intérêts, ils donnent à l’Occident tout ce qu’ils veulent.
 
Vous qui critiquez la Françafrique, est-ce qu’Emmanuel Macron vous inspire confiance pour changer ce système ?
J’aime sa jeunesse, il a du mérite, il est brillant. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, disait Corneille. Le seul malaise, c’est lorsqu’il a tapoté la joue du président burkinabè Roch Kaboré. J’ai trouvé ça malsain. Il veut rompre avec les habitudes de la Françafrique, mais il prend son père par la joue… ça ne se fait pas ! Je lui accorde des circonstances atténuantes, c’est la faute de son protocole. Qu’il fasse bien son travail, mais dans le respect des aînés.
 
Vous dites qu’en Afrique, quand on entend le mot « démocratie », on sait que ça va saigner…
Oui, il n’y a pas eu autant de sang coulé en Afrique que pendant ces fièvres « démocratiques ». Ma chanson Maclacla Macloclo parlait de dictature, assassinat, tyrannie, viol, pillage, emprisonnement, bombardements effectués au nom de la démocratie. Beaucoup ont complètement galvaudé le sens noble de cette notion. Il faut que les Africains arrêtent de copier les démocraties occidentales. Cela explique pourquoi les nôtres sont bancales. Il faut revoir ce concept, trouver une formule taillée à notre mesure, adaptée à nos cultures, nos sensibilités, aux réalités des pays.
À Paris, en juin 2018. AMANDA ROUGIER POUR AM
Quel changement souhaitez-vous pour l’Afrique ?
Il faut arrêter cette politique de la main tendue, ça rend les peuples paresseux, et les dirigeants corrompus. L’Afrique doit vivre une révolution technique et technologique. Que l’agriculture soit motorisée ! Il n’y a pas de raison que la Corée du Sud, indépendante un peu avant nous, puisse créer des voitures et que nous, nous en soyons encore à la charrue ! Que l’Africain apprenne à fabriquer une ampoule, une mobylette, un vélo… Le Ghana, le Nigeria, le Kenya ont commencé, il faut aller dans ce sens. Parce que la révolution ne sera pas seulement verbale. Il faut encourager les matières scientifiques dans les écoles et les universités. Les poètes, les littéraires dans la langue du colon, on en a trop ! Et on danse un peu trop ! Dansons mais pour célébrer une révolution technologique pour une nouvelle Afrique. Pas une Afrique qui a subi une lobotomie et qui ne pense qu’à danser, s’habiller et à singer l’Occident. Développons notre propre identité. Et vous verrez que les jeunes arrêteront d’aller vers l’Europe au péril de leur vie. Donnons-leur du rêve, encourageons nos techniciens, fabriquons des marques de voiture… Le mimétisme de l’Occident doit s’arrêter. Si l’on veut qu’on nous respecte, il faut passer par là. Mais certains de nos leaders sont des analphabètes politiques, qui ont vendu le peuple pour demeurer au pouvoir, ils prennent la politique comme un raccourci pour s’enrichir… Qu’ils partent de façon honorable, car ils sont nés avec les chaînes de la Françafrique, de la colonisation. Des jeunes qui ont fait de grandes études prendront leur place, et feront ce qu’ils n’ont pas mené à bien.
 
En 2005, l’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) vous a nommé messager de la paix. Qu’est-ce que cela a représenté pour vous ?
Je m’étais dit : si les politiques ont besoin d’Alpha Blondy, c’est que la situation est grave. C’est bien connu : quand Alpha dit du bien d’un politicien et de son parti, on trouve qu’il est un génie. Mais gare à lui s’il émet des critiques ! On dira alors « il a fumé sa marijuana, il délire, il est fou, il dit des conneries ! » Que l’ONUCI m’ait confié ce rôle-là prouve que des gens ont écouté mes textes, et ont compris mon discours. J’ai d’ailleurs écrit la chanson Pardon après la crise post-électorale : si l’on m’avait écouté, je pense que cette guerre n’aurait pas eu lieu. 
 
Que transmettez-vous à vos enfants ?
Des valeurs comme la franchise… Le peu de temps que j’ai passé avec eux, je leur donnais beaucoup d’amour. J’ai essayé de compenser mon absence avec des cadeaux, mais je réalise que ce n’était pas suffisant. Sur ce plan, j’ai un peu échoué. Ma peur de la précarité m’a poussé à être tout le temps en tournée. Partout où j’étais, je les appelais, je veillais à ce qu’ils fassent des études, je leur envoyais des livres, tous les habits des Spice Girls, de Beyoncé… J’ai essayé. Mais je ne suis pas très fier de moi, car le matériel ne remplace pas l’amour. Aujourd’hui, l’une de mes filles me hait. Donc je pense que j’ai failli. Et quand mes enfants sont fâchés les uns avec les autres, ça m’attriste. 
 
À part la musique, quelles sont vos autres passions ?
La lecture. Dernièrement, la dimension prémonitoire de Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome m’a beaucoup marqué. Il fait écho à l’actualité, tous ces jeunes Africains fuyant la misère de leur pays, pour se noyer par milliers dans la Méditerranée, en passant par l’esclavage en Libye. Et sinon, je jardine, j’ai la main verte. Je viens de planter des fleurs que j’ai ramenées d’Hawaï. Je cultive principalement des arbres fruitiers : manguiers, avocatiers, cocotiers, corossoliers, papayers, aussi du moringa, de l’aloe vera… Les éperviers, corbeaux, et le paon peuplent le jardin. Les poules aussi, mais en accord avec ma spiritualité, il est interdit de les manger !