Alune Wade
Sultan of Swing
Pour son cinquième album, le bassiste sénégalais embrasse les quatre coins de l’Afrique pour livrer un suberbe récit sonore hybride et fédérateur.
« GRÂCE AU SON, la musique est une partie de la nature, explique Alune Wade. Elle est comme la terre, elle nous rend ce qu’on lui donne. Unir les peuples par le biais de ma musique a toujours été pour moi de l’abnégation. » En témoignent les émotions de son nouvel album solo, Sultan. Cela fait déjà trente ans qu’il joue de la musique. Il garde peu de souvenirs de ses débuts, mais « une chose est sûre, c’était à côté de [s]on père, qui était lui-même musicien ». Ce dernier dirigeait l’orchestre symphonique de l’armée sénégalaise. Grâce à lui, le jeune Alune apprend le piano, la guitare et la basse, où il excelle. Ses armes, il les fait auprès d’Ismaël Lo, qu’il accompagne durant huit ans, dès sa majorité. Et il s’impose rapidement sur la scène nationale avec ses compositions boisées, qui racontent la vie telle qu’elle est, tout en pansant les blessures. « J’ai aimé le blues avant de savoir ce que c’était, ce son qui vient du cœur », confesse-t-il. Cependant, son prisme n’est pas monomaniaque, et Alune Wade cultive les terres jazz comme celles du folk, la transe gnawa, qu’il a largement parcourues au sein de son groupe University of Gnawa, fondé en 2010 avec Aziz Sahmaoui. Depuis, tout le monde fait appel à lui, de Marcus Miller à Harold López-Nussa. Ce sens du partage, c’est ce qui s’entend dans Sultan – qui convoque aussi bien les chants soufis que l’afrobeat ou les ritournelles arabo-andalouses –, où l’on retrouve des musiciens 5 étoiles tels le percussionniste Adriano Tenorio DD, le claviériste Cédric Duchemann, le trompettiste Carlos Sarduy, le batteur Daril Esso ou encore le saxophoniste Hugues Mayot… Et ce ne sont pas les seuls : au total, 20 instrumentistes participent à l’aventure, laquelle a vu le jour grâce à la soif du collectif de Wade : « J’ai pu enregistrer ces nouvelles chansons à partir du moment où je me suis senti prêt à raconter mes expériences vécues avec des musiciens de l’autre côté de notre continent, que Paris m’a permis de croiser sur mon chemin. »