Amadou & Mariam
L’hymne à la vie
Avec L'Amour à la folie, la chanteuse et son mari, aujourd’hui disparu, signent un manifeste d’Afro-Blues incandescent et engagé.
Il faut rappeler à tout un chacun qu’il ne faut pas, en dépit de mauvaises nouvelles incessantes, perdre de cette beauté de la vie. Il faut la prendre telle qu’elle est», nous confiait il, il y a quelques saisons. Disparu le 4 avril 2025, Amadou Bagayoko ne brille pourtant pas par son absence ici puisqu’il aura veillé au bon cheminement de cet album à moitié posthume, donc. Fidèle à l’esprit du duo, performatif par essence, sa veuve Mariam Doumbia va désormais porter sur scène L’Amour à la folie.
Imaginé comme une célébration de la vie, ce nouvel album d’Amadou et Mariam témoigne toujours de leur formule magique, façonnée grâce à des décennies de concerts, moult collaborations internationales et une curiosité à toute épreuve: le mariage d’instruments traditionnels et de textures électroniques, de blues malien et d’influences occidentales majoritairement pop. Conçu entre Bamako, Barcelone et Paris, il condense une vie nomade et néanmoins fidèle aux traditions ouest africaines. Sous la direction du réalisateur arrangeur Pierre Juarez, déjà complice du duo depuis Lamomali, la guitare d’Amadou retrouve son rôle de boussole.
Autour de lui et de Mariam, Busy Twist, producteur anglais master ès sonorités afro et caribéennes, Manu Chao, de retour après Dimanche à Bamako («Mogolu»), et la star nigériane Fally Ipupa invitée sur l’imparable «Sonfo». Riffs psychés, rythmiques pulsatiles… Derrière la pluralité sonore, il s’agit d’assortir le mental au corps, de célébrer le monde et l’amour dans le bien nommé «Je t’aime à la folie», d’appeler à un réveil des consciences avec «Généralisé» et «On veut la paix». Enfin, la ballade acoustique «Tanu» nous donne à écouter pour la dernière fois le timbre accueillant et fédérateur d’Amadou. Car l’amour fou résiste à tout. Même au silence.