Ambitions : les années Blaise

Appelons un chef un chef. Le Burkina, depuis deux décennies, a avancé sous l’étroit contrôle d’un seul homme, d’une personnalité à part, savant dosage d’élégance et de détermination, Blaise Compaoré. Depuis son accession au pouvoir, en 1987, et trois mandats présidentiels plus tard, le président du Faso a imposé son style et, avec lui, son pays sur la scène internationale. L’ancien jeune capitaine qui commandait le Centre national d’entraînement commando à Pô en 1982, dans le sud du pays, a depuis longtemps troqué le treillis pour des costumes bien coupés. L’ambition chevillée au corps, avec sa longue silhouette et ses sourires faussement timides, il est devenu un vrai « patron » incontournable dans la sous-région.

Il n’est pas un opposant, un chef d’État en difficulté, un prétendant à la magistrature suprême, en mal d’asile ou de soutien, qui n’ait fait ces dernières années le voyage de Ouagadougou. Blaise Compaoré s’est aussi habilement imposé comme médiateur en chef des crises en Afrique de l’Ouest, en étant nommé facilitateur successivement pour le Togo, la Côte d’Ivoire, la Guinée. Il assiste assidûment aux sommets ou grandes rencontres internationales politiques et économiques, n’hésitant pas à monter personnellement au créneau à l’OMC pour défendre les...