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Roman

Au fil de la pensée

Par Catherine Faye
Publié le 14 mars 2025 à 10h05
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FRANCESCA MANTOVANI/GALLIMARD
FRANCESCA MANTOVANI/GALLIMARD

Dans cet autoportrait romanesque, Mary Ndiaye nous entraîne une fois de plus dans son univers déroutant.

«MAMAN, dis-je d’une voix sereine tout en me versant un deuxième verre, parle-moi de Denis Rouxel.
– Le bon Denis? Elle sourit, ironique , mais il me semblait que son regard , comme ses mains, s’agitait.»
Qui était Denis, le compagnon de cette femme durant les premières années de vie de la narratrice ? Pourquoi dit-on qu’il était bon?

Lauréate du prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe, inclassable et dérangeant, et du Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes, trois destins tiraillés entre l’Afrique et la France, la romancière et dramaturge Marie NDiaye nous attire à nouveau dans sa toile et dans les méandres de relations complexes. Ici, quatre variations autour d’un événement essentiel de sa vie : le départ brutal de son père sénégalais après sa naissance en France. Quatre histoires qui, malgré l’utilisation du «je» et la publication de quelques photos personnelles, ne composent pas à proprement parler une autobiographie .

MARIE NDIAYE, Le Bon Denis, Mercure de France, 128 pages, 18 €. DR
MARIE NDIAYE, Le Bon Denis, Mercure de France, 128 pages, 18 €. DR

Dans la première, elle et sa mère, à la mémoire défaillante, la seule personne qui pourrait lui répondre. Dans la seconde, le récit de la jeunesse de ses parents. Le troisième temps, sous la forme d’un monologue, retrace les vraies raisons du départ de son père. Enfin, dans le dernier mouvement, la narratrice a rendez-vous avec un père inconnu, loin de celui qu’elle avait imaginé. Ses personnages, réels ou fantasmés, prennent forme dans des contrées énigmatiques. Se débattent dans leurs contradictions. Portés par une langue à la fois musicale et précise, qui nous emmène avec eux vers une destination inconnue .