Calestis
La méditerranée dans le tissu
Une marque tunisienne qui associe expérimentation créative et recherche sur les matières, puisant dans le potentiel des jeunes artisans locaux.

Pour Emna Gahbiche, 31 ans, la mode n’est pas seulement un métier créatif. Avec sa marque Calestis, basée dans sa ville natale de Sousse, elle entend aussi puiser dans le potentiel des jeunes artisans tunisiens et donner un coup de pouce à l’industrie locale, célébrant ainsi son identité méditerranéenne. Née en 2020, Calestis a déjà à son actif plusieurs collections et collaborations, dont la dernière, «Ch’hili», avec la marque Benma de Hedi Ben Mami, a été partiellement dévoilée fin 2024. Le label peut aussi se targuer d’avoir exposé des pièces au musée des Arts décoratifs de Paris en 2021.
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Une étape importante pour la créatrice revenue en 2019 dans son pays d’origine après avoir fait des stages dans la haute couture parisienne qui commençait tout juste à définir son identité.
Le retour en Tunisie est marqué par la prise de conscience qu’il reste beaucoup à faire pour développer un véritable système de mode à l’échelle locale. En attendant de lancer sa propre marque, elle multiplie alors les expériences, notamment dans la création de costumes de scène. Une influence scénographique que l’on retrouve dans certaines de ses silhouettes et dans sa conviction que la mode et l’art sont inséparables. Au-delà des coupes envoûtantes et d’une certaine obsession pour la corseterie, la marque se caractérise par un travail de recherche acharné sur la matière. Après une première collection en brocart de soie dédiée à sa grand-mère, qui l’a soutenue financièrement, Gahbiche parcourt la Tunisie du nord au sud pour aller à la rencontre des artisans locaux. C’est tout près de Sousse qu’elle déniche de jeunes tisserands pour donner vie à des pièces d’une incroyable finesse.
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À partir d’un même fil de soie, ils jouent avec les graphismes, donnant aux vêtements monochromes un teint vif et des textures changeantes et complexes. Ensemble, ils expérimentent avec la laine, le coton et le hayek, un tissu tunisien, pour signer des ponchos et des robes avec une illusion de corset à même le vêtement. Le nom de la collection, «Ch’hili», évoque le vent du sud et la canicule, les souvenirs d’enfance et les journées d’été au bord de la Méditerranée.