Aller au contenu principal
Editos

Comment imaginer...

Par Emmanuelle Pontié - Publié en décembre 2023
Share

Tradition oblige, chacun se prépare à fêter la fin de l’année et le passage à la nouvelle. Par un repas familial, au minimum, pour tout le monde, voire une messe et des cadeaux de Noël pour d’autres. C’est censé être un moment de joie, de partage. D’espoir, aussi, avec son lot de vœux et de bonnes résolutions pour le Nouvel An. Nous avons ici souvent souhaité, à cette période, plein de bonnes choses pour tous, pour l’Afrique, pour le monde. Mais cette année, nous pourrions simplement fermer les yeux un instant, et penser à ceux qui ne passeront pas de fêtes du tout à cause de la folie humaine, qui plonge des zones entières peuplées d’innocents dans des guerres insoutenables.

DOM
DOM

Comment, en effet, imaginer une seconde se réunir en famille sous les décombres bombardés non-stop à Gaza, où l’on meurt chaque jour ? Des personnes séparées, sans domicile, sans rien, errent sur le territoire, leurs enfants sous le bras, poursuivies par les explosions qui font rage partout et tout le temps. Comment imaginer célébrer Noël en Ukraine, dans des sous-sols glacials, sous les sirènes qui annoncent (ou pas) que ça va frapper ici ou là? Le calvaire des habitants dure depuis près de deux ans, sans répit, sans espoir d’une solution quelconque à ce jour.

Comment imaginer que, depuis huit mois, deux généraux ennemis se battent pour le pouvoir au Soudan, sur le dos des populations, en créant, selon l’ONU, une situation humanitaire déclarée catastrophique? Quel genre de fêtes de fin d’année peut-on vivre dans de telles conditions ?

Et que dire de l’est de la RDC ? Trente ans de conflit, 7 millions de déplacés à l’intérieur du pays  et certainement la guerre la plus sous-médiatisée du monde. Là encore, les enfants passeront la nouvelle année dans la pauvreté et la terreur.

On pourrait aussi citer les zones d’Afrique où le terrorisme fait des ravages, avec Boko Haram qui n’a faibli ni au nord du Cameroun, ni au nord du Nigeria, ou l’islamisme brutal qui fait tranquillement son nid dans le nord du Mali... Alors, que peut-on souhaiter à ces milliers de gens pour la fin de l’année, à part peut-être d’arriver à survivre? Survivre à ces enfers qui semblent résister d’année en année envers et contre tous les vœux de paix formulés à cette période. Évidemment, on va prier ou crier très fort pour que 2024 soit plus douce que 2023 et ses décennies précédentes. Mais, dans le doute, essayons juste d’avoir une pensée pour tous les oubliés des fêtes de fin d’année. Simplement ça.