Creuser sa tombe

Étalon d'or de Yennenga au Fespaco 2021, ce film somalien, tourné à Djibouti, raconte une émouvante histoire d’amour entre cimetière et désert…

Guled est fossoyeur, il attend pelle à la main, aux portes de l’hôpital, que soient livrés des cadavres. Nasra, son épouse, atteinte d’une maladie mortelle, cuisine, allongée près de leur jeune fils, Mahad. Pour soigner sa femme, Guled doit trouver l’équivalent d’un an de salaire… Les sacrifices seront douloureux pour y arriver. Il lui faudra revenir dans son village natal et vendre un troupeau qui lui appartient, mais jalousement gardé par sa famille qui voulait le marier à une autre et refuse de le revoir.
Cette course contre la montre dans le désert est sobrement racontée, baignée de mélancolie mais aussi parfois de joie et de couleurs, comme lorsque le couple, avant la maladie, s’invite dans un riche mariage grâce à… une chèvre. Toute l’énergie du film est portée par cet amour pour une femme forte mais diminuée et par l’urgence à pouvoir la guérir. Jusqu’où aller pour y parvenir ? Dans le rôle de la souffrante magnifique, la top-modèle canadienne d’origine somalienne, Yasmin Warsame, que le réalisateur finlandais, lui-même d’origine somalienne, avait remarqué dans une campagne publicitaire pour H&M sur les murs d’Helsinki. Même si le récit illustre l’absence d’accès aux soins de bien des Africains, on n’est pas dans un documentaire sur le Djibouti d’aujourd’hui. D’ailleurs, les chansons de la bande originale sont sénégalaises, et aucun aspect moderne de ce pays n’apparaît à l’écran. Comme pour mieux rendre intemporel ce conte pourtant ancré dans une terrible réalité sociale…
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