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Dele Olojede, citoyen journaliste

Par Michael.AYORINDE - Publié en février 2011
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Son audace s’appelle Next. Le « prochain ». Un hebdomadaire créé en janvier 2008, devenu quotidien au début de l’année. Quelque 60 millions de dollars d’investissement pour un journal tout en couleurs, avec une ligne éditoriale qui revendique un travail d’enquête de qualité. Un véritable bol d’air pur dans un paysage de l’information en proie à une corruption systématiquement téléguidée par les hautes sphères politiques et économiques du pays. Kamikaze, Dele Olojede ? Il sourit.

« Je voulais faire quelque chose pour mon pays et tout ce que je sais faire, c’est fournir une information honnête pour que les lecteurs se forgent une opinion en toute connaissance de cause et que l’esprit des journalistes nigérians évolue. » Une conviction qui prend forme dès sa sortie de l’université de Lagos.

Bourse en poche, l’étudiant en journalisme s’exile en Amérique. Après un passage par la fac de Columbia, il rejoint l’équipe new-yorkaise du quotidien Newsday en 1988. Il y est rédacteur spécialiste des minorités puis envoyé comme correspondant à l’étranger. Chine, Afrique du Sud. En mai 2005, il sort de l’ombre avec un reportage sur le Rwanda. Récit poignant sur la relation entre une mère et son fils, issu d’un viol pendant le génocide. Une histoire de reconstruction dix ans après le traumatisme. Il reçoit le prix Pulitzer, suprême récompense dans le métier. Il est le premier Africain distingué.

En attendant d’écrire un livre sur le Rwanda, il a la tête dans les chiffres. Car dire la vérité a un coût financier. Un coût sécuritaire aussi. Celui de la menace physique. « En janvier quand on menait une enquête sur les problèmes de santé du président Umaru Yar’Adua, des hommes armés ont tenté d’empêcher la parution du journal. » Depuis, le quotidien voit ses lecteurs augmenter. Un objectif de 100 000 exemplaires a été fixé pour la fin de l’année. Seule condition pour que Next survive. Un pari culotté. Dele Olojede le sait. Un pari qu’il compte tout de même bien relever.

Par Julie Vandal