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MOOS COULIBALY
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Entretien

Eesah Yasuke
«Nommer pour soigner»

Par Sophie Rosemont - Publié en décembre 2024
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Après une poignée d’EP, la jeune chanteuse et rappeuse franco-ivoirienne livre un album d’une belle densité sonore et très personnel… justement nommé B.O. d’une vie. Rencontre.

AM: Comment est né B.O. d’une vie?

EESAH YASUKE, B.O. d’une vie, Blessing Production. Sorti depuis le 15 novembre. En concert le 19 décembre à la Maroquinerie (Paris). DR
EESAH YASUKE, B.O. d’une vie, Blessing Production. Sorti depuis le 15 novembre. En concert le 19 décembre à la Maroquinerie (Paris). DR

Eesah Yasuke: D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu écrire à propos de mon histoire, sur mon parcours très atypique. Depuis plusieurs années, je caresse l’idée de faire un film sur mes jeunes années, mes placements en foyers et en famille d’accueil, notamment… Il me semble que B.O. d’une vie est la première pierre de ce projet. Je dirais même que j’ai inversé l’ordre des choses: j’ai composé la bande originale de ma vie, avant même d’en écrire le scénario! Cet album est né de ma conviction qu’il faut rompre un cercle vicieux pour aller vers le vertueux, et chaque morceau provient d’une impulsion de nommer pour soigner. Ma seule volonté, c’était que ce premier album me ressemble et qu’il corresponde à mes multiples facettes.

En quoi vos racines africaines et les musiques comme la rumba, que vous écoutiez enfant, ont-elles influencé votre créativité?

Je pense que le simple fait d’avoir baigné dans ces mélodies entraînantes m’a éduquée sur la volonté de me servir de la musique pour exprimer des convictions et des valeurs très fortes. Je pense par exemple au morceau «Migrant des rêves» de Fally Ipupa, qui possède deux niveaux de lecture: s’y manifestent à la fois le message engagé et la voix enivrante de l’artiste, qui nous font passer un moment délicieux.

Cet album a-t-il pu jouer un rôle cathartique dans votre existence?

​​​​​​​Dès le départ, la musique l’a été pour moi. Mais davantage encore dans B.O. d’une vie, où j’ai livré des parties de moi plus intimes qu’à l’accoutumée. Il m’a permis de frayer des chemins que je n’avais jusqu’alors pas ou peu explorés… Pour tout vous dire, j’ai connu une grosse panne d’inspiration. Et c’est pendant cette période difficile que j’ai découvert que la peinture pouvait être source de guérison, ce qui m’a redonné de l’élan créatif. C’est en partie grâce à elle si cet album existe aujourd’hui.