Héritage transculturel


Le Centre Pompidou rend hommage aux artistes noirs en France de 1950 à 2000.
Sur l'affiche de l’exposition, un visage de profil, regard doux et bouche assurée, comme taillé dans du calcaire. Datée de 1947, cette huile sur carton, intitulée Autoportrait, est signée du SudAfricain Gerard Sekoto, peintre-musicien considéré comme le pionnier de l’art urbain noir.

Il est l’un des 150 artistes afrodescendants, d’Afrique ou des Amérique, présentés à Beaubourg. Si leurs œuvres n’ont souvent jamais été montrées dans l’Hexagone, leur présence et leur influence dans la capitale cosmopolite de la seconde moitié du XXe siècle sont incontournables. La période de l’après-guerre les inspire dans ce Paris, berceau de résistance et de création, véritable laboratoire panafricain, et donne lieu à de nouvelles pratiques: abstraction, modernisme, surréalisme, figuration libre… Tandis que Baldwin, Césaire ou encore Senghor posent les fondations d’un avenir post et décolonial, les toiles et les sculptures des artistes afro-américains, caribéens et africains évoluent et s’inscrivent dans la redéfinition des modernismes et des postmodernismes.

Cette trajectoire panafricaine et transnationale de l’art s’étire de 1944, lorsque la loi GI Bill, votée aux États-Unis, permet à de nombreux artistes africains-américains d’étudier à Paris, à 1999, année où la première proposition de loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité est déposée par Christiane Taubira. Largement occultées dans les récits d’histoire de l’art, les expressions plastiques de la négritude, du panafricanisme et des mouvements transatlantiques occupent enfin la place qu’elles méritent.