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Dossier Côte d'Ivoire

Infrastructures : Une envergure stratégique

Par Francine Yao - Publié en décembre 2021
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Une fois terminé, le pont Yopougon-Plateau permettra de décongestionner la circulation. NABIL ZORKOT
Une fois terminé, le pont Yopougon-Plateau permettra de décongestionner la circulation. NABIL ZORKOT

Le gouvernement continue à investir dans ce secteur clé pour la COMPÉTITIVITÉ du pays.

​​​​​​​La qualité des infrastructures est un facteur majeur d’accroissement de la compétitivité d’une économie. Et les autorités ivoiriennes, qui affichent de grandes ambitions de développement, ne lésinent pas sur les moyens pour lancer des travaux d’envergure devant servir de catalyseurs à l’essor du pays. Dans cette optique, et face à la congestion du Grand Abidjan, elles se sont focalisées sur le renforcement du transport lagunaire et sur le métro d’Abidjan. Le projet du système de bus à haut niveau de service, le Bus Rapid Transit (BRT), a aussi été accéléré. Il consiste à construire un réseau de lignes dédiées pour les transports en commun. Selon le ministre des Transports, Amadou Koné, l’État a conclu avec le gouvernement suédois d’une part, et la Banque mondiale d’autre part, des conventions pour le financement de la réalisation des BRT sur le boulevard Latrille et sur l’axe Yopougon-Bingerville. Ces travaux devront commencer en 2022.

LE MÉTRO, UN RÊVE QUI PREND FORME

Un projet innovant, révolutionnaire… Les qualificatifs du futur métro d’Abidjan ne manquent pas. Lancé en novembre 2017, il a eu du mal à décoller. Essentiellement en raison des coûts de financement. Toutefois, les négociations – portant sur le démarrage des travaux – menées entre l’exécutif et le groupe français Bouygues, tête de pont du consortium engagé, ont finalement abouti à la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties, le 8 octobre 2019. L’investissement, estimé à environ 918,34 milliards de francs CFA (soit 1,4 milliard d’euros) sera financé intégralement par la France. Ce groupement d’entreprises (composé des groupes français Bouygues Travaux Publics, Alstom, Colas Rail et Keolis) est en charge de la réalisation de l’ouvrage. Selon le gouvernement ivoirien, le démarrage de la construction devrait intervenir autour de mi-2022. Et une première tranche du projet devrait être livrée en 2025.

L’itinéraire du métro comprendra deux voies, 18 stations, 21 ponts (rails et routes), et un viaduc sur la lagune Ébrié. L’emprise de la voie sera totalement sécurisée et protégée d’une Infrastructures Une envergure stratégique Le gouvernement continue à investir dans ce secteur clé pour la COMPÉTITIVITÉ du pays. par Francine Yao clôture, pour permettre une utilisation optimale du train, dont la vitesse maximale est de 100 km/h, et de 80 km/h en situation d’exploitation. Cela lui permettra d’effectuer une fréquence de passage toutes les dix minutes et de transporter environ 500 000 passagers par jour, sur 37,9 kilomètres, entre Anyama (nord d’Abidjan) et Port-Bouët (sud d’Abidjan).

En outre, le gouvernement accélère les projets d’infrastructures routières dans le district de la capitale économique. Cela concerne, entre autres, le chantier du quatrième pont Yopougon-Plateau. D’un coût de 142 milliards de FCFA, ce projet, financé par la Banque africaine de développement (BAD) et l’État ivoirien, vise à accroître la mobilité au niveau de la ville, en réduisant les embouteillages entre Yopougon-Plateau et Yopougon-Adjamé et en désengorgeant l’autoroute du Nord. L’ouvrage sera colossal : une chaussée en 2x3 voies séparées par un terre-plein central de 20 mètres (constituant la zone de passage du deuxième train urbain d’Abidjan du côté de Yopougon sur un peu plus de 4 kilomètres), trois échangeurs sur les voies principales franchies par le projet à Yopougon, une plateforme de péage de 850 mètres à Attécoubé, un pont de 1,4 kilomètre sur la baie du Banco, trois échangeurs ou bretelles à la traversée du boulevard de la Paix, et enfin, une chaussée 2x2 voies entre la fin de l’échangeur de Boribana et l’Indénié. Concernant le pont Plateau- Cocody, ses travaux avancent à grands pas.

Parmi les autres grands chantiers en cours : l’aménagement de l’autoroute périphérique d’Abidjan ainsi que le dédoublement des sorties est et ouest. Connue sous le nom de Y4, la grande voie de contournement de la capitale économique est une infrastructure de 2×2 voies devant permettre d’éviter le centre-ville en reliant les communes de Songon, Abobo-Anyama, Cocody et Port-Bouët, et faciliter ainsi l’accès à la zone portuaire d’Abidjan. La section 2 de l’Y4, longue de 15 kilomètres, reliera la commune d’Anyama à l’autoroute du Nord. La section 3, pour sa part, connectera cette dernière à la commune de Songon, une zone d’extension de la ville d’Abidjan. Quant au dédoublement des sorties est et ouest, les opérations ont démarré à l’ouest. L’agrandissement de la voie de Dabou part de l’autoroute du Nord jusqu’au carrefour de Jacqueville. Les travaux devraient s’achever en mars 2022. Selon le ministre des Transports, la construction de l’Aérocité sur la zone Akwaba, qui devait débuter cette année sur une superficie de 50 hectares, est contrariée par un manque de dotation budgétaire afin d’honorer les engagements contractuels avec le consultant (engagé dans le projet depuis 2015). Le montant est de 150 millions de FCFA, a indiqué Amadou Koné, devant les députés, le 18 novembre dernier. Déclaré d’utilité publique en 2010, le projet consiste en l’aménagement et l’exploitation d’une ville aéroportuaire située en périphérie de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny (Port-Bouët), sur une superficie de 3 700 hectares, outre le périmètre concédé à Aéria, le concessionnaire de l’aéroport. L’objectif est de bâtir sur cet espace des complexes hôteliers, industriels, commerciaux et sportifs, ainsi que des équipements publics.

En outre, la capitale économique devrait se doter d’un parc des expositions moderne qui s’inscrit dans le cadre de la construction de l’Aérocité. Localisé entre le carrefour Akwaba et l’aéroport international, il sera en mesure d’accueillir des salons d’envergure nationale et internationale, mais également des conventions et des congrès politiques, culturels ou religieux, ainsi que des événements sportifs.

L’INTÉRIEUR N’EST PAS OUBLIÉ

Par ailleurs, à l’intérieur du pays, les travaux de la route de la Côtière ont débuté le 18 septembre 2021, pour un coût de plus de 300 milliards de FCFA. Ils consistent au renforcement de cette voie longue de 353,5 kilomètres, reliant Abidjan à San Pedro, la seconde ville portuaire. Autre projet et en cours, le prolongement de l’autoroute de Yamoussoukro-Bouaké qui est longue de 106 kilomètres. Les travaux ont débuté le 3 octobre 2017. Ils étaient prévus pour vingt-quatre mois, mais leur durée a été réévaluée à quatre ans. Toutefois, du fait de la crise sanitaire du Covid-19, le chantier a pris du retard. Selon le ministre de l’Équipement et de l’Entretien routier, Amédé Kouakou, les phases restantes sont celles du revêtement. Aussi, pour accompagner et satisfaire les besoins des populations en mobilité urbaine, les activités de la Société des transports abidjanais (SOTRA) ont été étendues à Bouaké. Elles se poursuivront dans les villes de Yamoussoukro, Korhogo et San Pedro.

En outre, le pays peaufine les six stades qui serviront de théâtre à la CAN 2023 : le stade olympique d’Ebimpé (60 000 places), à la périphérie d’Abidjan ; le stade Félix Houphouët-Boigny (33 000 places), à Abidjan ; celui de San Pedro (20 000 places) dans l’ouest ; et ceux de Bouaké (40 000 places), de Korhogo (20 000 places) et de Yamoussoukro (20 000 places), tous trois situés au centre du pays.

Enfin, la finalisation du réseau national haut débit (RNHD), appelé Backbone National, est en cours. Il sera constitué d’un maillage de fibres optiques représentant 7 000 kilomètres. Il devrait permettre, à long terme, de contribuer à vulgariser l’accès aux systèmes des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication. Il favorisera la création de nouveaux emplois et dynamisera l’économie numérique nationale. Avec le programme RNHD, ce sont 1 400 kilomètres de fibres optiques dans la zone ouest et 622 kilomètres dans la partie est qui ont été déployés. La phase de réalisation des 5 000 kilomètres, qui est en cours, finalisera le maillage complet du territoire. 

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