Aller au contenu principal
JOJOTULIPE
JOJOTULIPE
Musique

Ino Casablanca,
un son extatique

Par Sophie Rosemont
Publié le 15 décembre 2025 à 10h07
Share

Ce rappeur d'origine marocaine habille ses morceaux d’une poétique aussi sensible qu’immédiate. En témoigne son nouvel EP, Extasia.

INO CASABLANCA, Extasia, LCS Recordz. DRR
INO CASABLANCA, Extasia, LCS Recordz. DR

Dès ses quatre ans, il s’amuse avec un violon. Fuyant la crise économique marocaine de 2008, la famille du futur Ino Casablanca s’installe à Montauban après un détour en Espagne. Loin de la boucherie tenue par son père, un berbère amazigh… Formé à l’école de la trap dans une France où le genre triomphe, le jeune garçon écoute en boucle PNL, Niska ou encore Alpha Wann… Avant d’être interpellé par la manière dont Rosalía, Nathy Peluso ou C. Tangana donnent un nouveau souffle aux traditions ibériques. 

Du Maroc, dont sa famille est originaire et auquel il est très attaché, à la France d’adoption, son itinéraire dessine une géographie affective dont les divers reliefs se retrouvent dans sa musique, traversée par des pulsations venues d’ailleurs: échos caribéens, références latines, et surtout l’influence assumée de la culture nord-africaine et d’icônes telles que Cheb Hasni. Figurant parmi les dix lauréats du prix Joséphine 2025,l’artiste revient, trois ans après son premier effort, Demna (2022), et quelques mois à peine après le très élégant EP Tamara, avec les dix titres d’Extasia. Ici, il trouve son équilibre dans une écriture contemplative, reflet d’un quotidien qu’il observe avec lucidité. En témoigne cet album où, aux côtés d’instrumentistes comme OSO Mexico (à la guitare et à la basse) et Théo Baldy (claviers), il redonne du grain à moudre aux machines. Ainsi, le raï se digitalise sans perdre son âme, tandis que kompa moderne, zouk, rythmes latins et basses rap s’entrelacent. De quoi dessiner une cartographie sonore, qu’Ino Casablanca appelle «nouvo groove», où la fête sert de rempart à la mélancolie et où l’épure n’élude en rien la quête sonore qu’il ne fait qu’entamer, vingt-cinq ans après sa naissance. 
À suivre… et de très près.