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James BKS.MANUEL OBADIA
MANUEL OBADIA
Interview

James BKS
Danse avec le loup

Par Sophie Rosemont - Publié en octobre 2023
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​​​​​​​Avec son très réussi nouvel album, Wolves of Africa, le fils de Manu Dibango relie les continents tout en mélangeant les genres musicaux.

​​​​​​​AM: Grâce à vos nombreux voyages et expériences dans différents pays, vous êtes un citoyen du monde. Comment cela insuffle-t-il de l’énergie à votre musique?

James BKS: Je me nourris de mon ADN pour proposer une musique sincère et authentique qui raconte l’histoire d’un homme s’étant construit à travers trois continents qui lui sont chers. La France m’a vu naître et m’a éduqué. Sa proximité avec différentes cultures m’a permis d’avoir une vision ouverte très tôt sur le monde. Mon escale de dix ans aux États-Unis m’a initié à la musique afro-américaine. Ce pays de toutes les opportunités m’a donné l’occasion de rêver en grand sans me poser de questions… Puis, ma reconnexion avec mes racines camerounaises a donné de la maturité, des couleurs, un sens à ma musique et le sentiment d’être un homme complet, qui peut dorénavant transmettre à son tour.

Pouvons-nous parler de cette collaboration avec l’exceptionnelle Angélique Kidjo?

Quelques mois avant que mon père biologique nous quitte, j’ai eu la chance d’assister à une répétition avec Angélique Kidjo, chez lui. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré cette grande dame. Les voir jouer ensemble comme s’ils montaient tous les deux sur scène pour la première fois fut une expérience inoubliable qui m’a beaucoup appris, notamment sur la clé de la longévité. Un an après, Angélique et moi avons chanté en duo lors d’un concert à Montpellier réunissant bon nombre de stars africaines de l’ancienne et de la nouvelle génération. L’inviter sur mon album me semblait être une symbolique forte.

Comment préserver la flamme artistique héritée de votre père?

JAMES BKS, Wolves of Africa, Grown Kid. En concert le 23 novembre à l’Élysée Montmartre,à Paris.DR
JAMES BKS, Wolves of Africa, Grown Kid. En concert le 23 novembre à l’Élysée Montmartre,à Paris.DR

Je pense que je fais partie d’une génération qui a bénéficié des portes que des artistes comme lui ont su ouvrir à une époque où la musique africaine était difficilement classable et largement exploitée. C’est un héritage culturel qui me revient au même titre que toute une génération de musiciens qui ont su se servir de leur histoire et la fusionner avec d’autres. Je pense à des Wizkid, des Burna Boy, des Libianca, des Salatiel ou encore Fally lpupa, qui ont su s’exporter au-delà des frontières de leur pays. Il était important pour moi de collaborer avec des artistes comme Yemi Alade ou Stanley Enow, qui, au-delà de leur talent et de leur aura médiatique, témoignent d’un message fort. C’est aussi le message que je tenais à faire passer à travers l’artwork de mon album brillamment réalisé par Fifou. La musique et la culture africaines influencent le monde aujourd’hui, mais il est temps qu’elles se réapproprient leur histoire, tout en continuant à jeter des ponts avec le reste du monde.