Joseph Moses Oleshangay
L’infatigable avocat des Massaïs de Tanzanie incite les États africains et les Occidentaux à questionner leur rapport à la nature et à sa préservation.
Le 10 décembre dernier, la ville allemande de Weimar a décerné son prix des Droits humains au défenseur des Massaïs de Tanzanie, Joseph Moses Oleshangay. Âgé de 36 ans, il est l’un des seuls avocats issus de ce peuple traditionnel semi-nomade. Sa vocation découle de l’histoire familiale: en 1959, son clan a été expulsé par les autorités britanniques, qui entendaient créer le parc national du Serengeti. Au nom d’une conception très coloniale de l’Afrique, perçue comme un paradis originel qu’il faudrait préserver de ses encombrants habitants… Un «colonialisme vert» qui n’a pas disparu à l’indépendance, malgré le fait que le mode de vie agropastoral des Massaïs participe à la préservation de la biodiversité (non seulement ces éleveurs de bétail ne chassent pas, mais leurs pâtures entretiennent la savane). Depuis des années, Maître Oleshangay défend donc devant les tribunaux et les médias les droits de son peuple. La Tanzanie entreprend en effet de vider Ngorongoro (8288 km2) et Loliondo (1500 km2) de leurs habitants massaïs, prenant pour prétexte la conservation de la faune, mais afin...