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Kajeem : ghetto reporter

Par Michael.AYORINDE - Publié en février 2011
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Finalement, Kajeem aura été tout cela à la fois. Avec son « reggae du troisième millénaire » comme il qualifie sa musique, n’est-il pas devenu le meilleur interprète des souffrances des jeunes Africains, et aussi leur meilleur ambassadeur lorsqu’il déclame leurs réalités sur toutes les scènes du continent ? « Pour moi, la musique n’est qu’un prétexte, dit Kajeem. Ma préoccupation première est de dire. » Dire les maux de sa société, mettre le doigt là où cela fait mal. « Sur ce continent, on s’est habitué à l’anormalité. Notre tâche est de dénoncer tout cela afin que les choses redeviennent normales. »

Kajeem écrit des textes depuis l’âge de onze ans. À l’université, il intègre le Mouvement universitaire du rap (MUR), puis l’Orchestre de l’université d’Abidjan (OUA). C’est en 1997 qu’il se fait connaître du grand public en sortant son premier album solo Ngowa. Suit Revelation Time en 1999, qui révèle effectivement tout son talent. Grâce au Comité international de la Croix-Rouge, qui a apprécié ses textes, il part à Genève, où on lui offre la possibilité de se produire dans pratiquement tous les pays européens, tout en s’initiant à la musique assistée par ordinateur, et en animant des ateliers d’écriture en Suisse et en France. En 2000, il sort un troisième album, La Voix du ciel, plus professionnel, plus mature. Il séjourne désormais en Europe, mais revient régulièrement se ressourcer dans son pays. En 2004, avec l’album Positif, il se fait définitivement un nom dans le gotha du reggae africain. Suit en 2008 l’album Qui a intérêt ?, enregistré à Marseille, en France, dans lequel il passe en revue tous les maux du continent africain.

Dans ses cartons, un recueil de nouvelles, intitulé Le petit garçon qui peinait à parler, qui devrait être publié chez FratMat éditions, en Côte d’Ivoire. Pour lui, cet ouvrage s’inscrit dans la droite ligne de ce qu’il a toujours fait, c’est-à-dire être un « ghetto reporter », celui qui raconte tout ce qui se passe dans le ghetto. Kajeem a choisi de se faire publier en Côte d’Ivoire, parce que, dit-il, il faut d’abord se faire connaître chez soi avant d’aller à la conquête des autres. Il sera en tournée en Europe à partir de septembre.

Par Venance Konan