Kaouther Ben Hania
Réalisatrice Tunisie
Elle n'en finit pas d’attirer la lumière et de diffuser à l’international un cinéma tunisien audacieux, en prise avec le réel. Depuis Le Challat de Tunis (2014), elle mêle souvent documentaire et fiction, dans des dispositifs inédits, pour mieux révéler la réalité: après le machisme oppressant de ce vrai-faux doc, ce sera l’exil au Canada de sa propre cousine (Zaineb n’aime pas la neige, 2016), ou encore le djihadisme et une mère abusive dans Les Filles d’Olfa (2023), en compétition officielle à Cannes en mai dernier, où deux des filles en question sont jouées par des comédiennes, car les vraies, radicalisées, ont disparu en Libye. Et lorsqu’elle tourne une véritable fiction, c’est pour se frotter à des thèmes concrets et périlleux: le viol et la police dans La Belle et la Meute (2017), primé à Cannes et distribué dans une dizaine de pays, les migrants et l’art contemporain dans L’Homme qui a vendu sa peau (2020), sélectionné à la Mostra de Venise, puis aux Oscars (une première pour un film tunisien). Dans son prochain film, qu’elle tournera en juillet prochain, elle s’inspirera de son propre vécu pour raconter l’histoire d’une jeune femme réservée qui étudie à Tunis, se passionne pour le cinéma, et va se plonger dans la mémoire familiale et les croyances de son village. Le titre annoncé a des airs paradoxaux pour une cinéaste que rien ne semble pouvoir arrêter: Tu ne feras point d’images…