Aller au contenu principal
Leila Nda

L'African Queen du moment

Par Sophie Rosemont - Publié en février 2017
Share
Visage de madone, jambes vertigineuses, sourire irrésistible : née au BURUNDI, remarquée en Belgique, le mannequin a tout d’un grand TOP MODEL. Et devrait bientôt nous le prouver.
 
Elle parle français, anglais, néerlandais, allemand, chinois, swahili et kirundi. Elle mesure 1,80 m, pèse 55 kg. 37 000 followers sur Instagram. Ses mensurations : 83-58-89. À 25 ans, Leila Ndabirabe s’impose comme le premier top model originaire du Burundi depuis l’iconique princesse Esther Kamatari dans les années 1970. Même si sa ville de coeur est Bruxelles, où sa famille s’est installée lorsque Leila avait 10 ans.
 
C’est dans les rues de la capitale belge qu’elle est repérée par un talent scout. Elle a 16 ans, un bon âge pour commencer les castings. Mais sa mère s’oppose d’abord à ce que sa fille se consacre entièrement au mannequinat, et refuse qu’elle abandonne ses études. « L’industrie de la mode lui faisait peur, explique Leila Nda au magazine WWD, en 2016. Elle pensait que je serais obligée de faire des photos nue. » Après avoir obtenu son bac, Leila Nda fait des débuts de modèle au sein de l’agence IMM, dirigée par l’ex-mannequin et dénicheuse de talents Carine Caillieret… Tout en étudiant le droit à l’Université libre de Bruxelles. « Mon ambition suprême, en ce qui concerne les études, est d’avoir mon diplôme de droit, a-t-elle expliqué sur un plateau de télévision belge. Pour ce qui est du mannequinat, je souhaiterais poursuivre mon ascension par les grands défilés, les plus belles publicités de magazines et continuer une jolie carrière pendant encore quelques années. »
 
 
Leila Nda sait que ce n’est pas facile. Les podiums ne voient pas défiler beaucoup de mannequins de couleur : « Dans un casting, s’il y a dix Blacks, il en restera peutêtre deux pour le line-up final », déplorait-elle auprès de Elle en 2014. Mais ce tempérament bien trempé, allié à une tête bien faite et un corps de rêve, plaît beaucoup au monde de la mode, qui compte dans ses rangs d’autres fortes personnalités comme Jourdan Dunn et la tigresse Naomi Campbell. Ces deux stars sont d’ailleurs des modèles à suivre pour Leila Nda – qui ne cache pas qu’elle a été complexée très longtemps par son physique.
 
« En Afrique, être belle, c’est avoir des formes. Je n’en ai pas ! J’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose. J’ai bataillé dur pour prendre du poids. Quand je suis arrivé en Europe, on m’a dit que j’étais mince et belle […] La beauté dépend de l’endroit où l’on se trouve. » Cependant, sa silhouette longiligne ne l’empêche pas d’être désignée Miss Union Africaine en 2012. Malgré sa timidité et son manque de confiance en elle, elle est vite repérée par les plus grandes maisons de mode, et se retrouve propulsée dans le réseau de cette industrie où tout le monde se connaît, et où il faut éviter le moindre impair.
 

 
LA DIVERSITÉ PREND DE L’AMPLEUR
 
Élève brillante doublée d’un bon petit soldat, Leila met un point d’honneur à se montrer toujours sous son meilleur jour, belle et professionnelle. En quelques mois, elle foule près de 40 podiums. Marc Jacobs, Victoria Beckham, Versace, Gucci, Versace, Bottega Veneta, Roberto Cavalli, Rodarte, Oscar de la Renta ou encore Hugo Boss… Résultat, elle fait la « une », en septembre 2014, du numéro mode du Elle belge.
 
Quelques mois plus tard, c’est la consécration : elle défile pour la célèbre marque Victoria’s Secret. Mais Leila Nda garde la tête froide. Hors de question d’oublier l’humilité de sa famille pour qui le travail est une valeur incontournable, et le Burundi, dont elle est très fière, et auprès duquel elle veut s’investir le plus possible à l’avenir. D’autant plus que les données du business évoluent. Après des décennies où l’on comptait sur les doigts d’une main les modèles de couleur, l’idée de laisser place à une véritable diversité prend toute son ampleur. Ainsi, Jourdan Dunn, Anglaise d’origine caribéenne, a été le premier mannequin noir à défiler pour Prada depuis… Naomi Campbell !
 
Aujourd’hui, elle est l’une des tops les plus influents du monde. Dans les newcomers, s’illustre notamment la jeune Dilone, tout droit venue de Long Island, qui remet l’afro-américain au goût du jour. Mais le passeport occidental n’est plus un sésame indispensable. De nombreux modèles nés en Afrique tiennent la dragée haute dans les castings. Parmi les plus connues Leila Nda donc, mais aussi l’Angolaise Maria Borges, les Soudanaises Akuol de Mabior et Ajak Deng, la Tunisienne Hanaa Ben Abdesslem, la Kenyane Malaika Firth, la Tanzanienne Herieth Paul… Elles posent pour les plus grandes maisons, défilent sur les plus beaux podiums, et font, elles aussi, monter les enchères. Si le racisme est toujours à prendre en compte (on se souvient d’une maquilleuse ayant refusé de s’occuper de la peau « trop foncée » de Jourdan Dunn), ces nouvelles affaires de la fashion industry sont à suivre de près. Nous y reviendrons !