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Perspectives

L'Afrique au cœur
de la bataille du gaz

Par Cédric Gouverneur - Publié en octobre 2022
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Un navire de transport de GNL amarré au large de Dakar, en mai 2022. MICHAEL KAPPELER/DPA PICTURE-ALLIANCE/A AFP
Un navire de transport de GNL amarré au large de Dakar, en mai 2022. MICHAEL KAPPELER/DPA PICTURE-ALLIANCE/A AFP

Sénégal, Mauritanie, Mozambique, Algérie, Nigeria… Depuis la guerre en Ukraine, le potentiel gazier du continent se retrouve au centre des enjeux. Face à l’urgence de la crise énergétique, en particulier en Europe, le gaz naturel liquéfi é (GNL) est en passe de devenir le nouvel or noir. Enquête sur une course contre la montre stratégique.

La Pologne n’est pas vraiment un partenaire historique de l’Afrique : dirigé depuis sept ans par Droit et justice (PiS), un parti ultraconservateur, ce pays s’est plutôt fait remarquer par une politique migratoire hermétique, d’ailleurs critiquée par le reste de l’Europe… Pourtant, son président, Andrzej Duda, a effectué sa première tournée sur le continent le mois dernier. Après s’être rendu au Nigeria et en Côte d’Ivoire, il était à Dakar les 8 et 9 septembre. Accompagné d’une délégation d’industriels, il a jugé les perspectives de coopération dans le secteur gazier avec le Sénégal « très prometteuses ». Et n’a pas manqué d’égratigner au passage la propagande de Moscou en Afrique. La Pologne – en première ligne face à la Russie, avec laquelle elle entretient des relations exécrables – se montre en effet vivement intéressée par le gaz naturel liquéfié (GNL) sénégalais. Et elle n’est pas la seule : selon Adama Diallo, directeur général de la société publique Petrosen, l’Italie, le Portugal et la République tchèque sont également sur les rangs. Berlin serait aussi prêt, selon nos confrères du Monde, à payer trois fois plus cher que les prix proposés au Sénégal par le pétrolier britannique BP ! Dès le début de l’invasion en Ukraine, le ministre de l’Économie (et du Climat…), l’écologiste Robert Habeck, avait fait la tournée des pays africains producteurs de gaz, anxieux d’affranchir l’Allemagne de sa dépendance au Kremlin [voir notre rubrique Business dans AM 429]. En 2021, l’Union européenne a importé environ 45 % de son gaz de Russie, contre 21 % d’Afrique (18 % d’Algérie, 2 % de Libye et le reste d’Égypte). En raison de la guerre en Ukraine, Bruxelles entend diminuer de deux tiers ses importations de gaz russe à la fin de cette année, et s’en débarrasser d’ici 2027 !

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