L’étoffe d’une héroïne
Une couturière menacée par les inondations dans un bidonville de Douala: la documentariste Belgo-Camerounaise Rosine Mbakam nous immerge dans la réalité d’une femme forte.
«RIEN NE ME SERA ÉPARGNÉ!», s’exclame Pierrette en réponse au fonctionnaire qui lui fait la morale parce qu’elle n’est pas mariée, alors qu’elle lui confie recevoir les coups de son compagnon… C’est qu’elle doit affronter bien des catastrophes : elle vit sous des tôles en zone inondable, et ses provisions, les fournitures scolaires à la veille de la rentrée, et bientôt son atelier, sont peu à peu sous l’eau. Pourtant, Pierrette fait face. Ce portrait d’une mère courage est celui de la propre cousine de la documentariste et productrice belgo-camerounaise Rosine Mbakam, installée à Bruxelles où elle a tourné Les Prières de Delphine (2021), qui sort au cinéma en même temps que ce premier film de fiction. Une œuvre où Pierrette joue son propre rôle dans des situations scénarisées. De quoi mieux approcher un sacré personnage, et illustrer la résilience des femmes de toute une génération. La caméra lâche peu son héroïne et, à force de plans serrés, masque son environnement : un choix radical qui étouffe le récit, mais rend compte de la situation de bien des Camerounais, qu’ils habitent New Bell et Komondo (les « favelas» de Douala) ou ailleurs…