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Energie

L’uranium fait son come-back

Par Cédric Gouverneur - Publié en mai 2023
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Depuis 2021, les investisseurs tablent sur 60 à 80 dollars la livre, soit quatre fois plus qu’au creux de la vague, en 2016. Une mine à ciel ouvert, à Arlit, au Niger.ALAMY
Depuis 2021, les investisseurs tablent sur 60 à 80 dollars la livre, soit quatre fois plus qu’au creux de la vague, en 2016. Une mine à ciel ouvert, à Arlit, au Niger.ALAMY

L’urgence climatique et la guerre en Ukraine redonnent un second souffle à l’énergie nucléaire. Le cours de la matière première, le « yellow cake », remonte au profit des gisements africains. Et les projets de centrales se multiplient sur le continent, de l’Égypte à l’Ouganda. Reste la question de la protection environnementale et du financement… 

C’était il y a un peu plus d’une décennie, mais cela paraît déjà une éternité. Le 11 mars 2011, sur la côte nord-est du Japon, un tsunami ravage la centrale nucléaire de Fukushima. L’impact de cette catastrophe – survenant, qui plus est, dans le seul pays frappé par des armes atomiques – est terrible, le Japon mettant à l’arrêt quasiment tous ses réacteurs. Dans la foulée, l’Allemagne, première économie européenne, décide de sortir du nucléaire. Le cours de l’uranium s’effondre alors : après avoir atteint 135 dollars la livre en 2007, le « yellow cake » (« gâteau jaune », surnom du minerai) tombe, dans les années post-Fukushima, à 18 dollars… Faute de rentabilité, les mines africaines s’asphyxient : au Niger, le cours dérisoire achève la mine d’Arlit, dans la province d’Agadez, au nord du pays. En mars 2021, la Compagnie minière d’Akouta (Cominak, filiale du groupe français Orano, ex-Areva) se résout à fermer cette gigantesque mine souterraine de 200 kilomètres de galeries, d’où ont été extraites, entre 1978 et 2021, pas moins de 75 000 tonnes d’uranium (soit plus d’un tiers de la production nigérienne) par environ 600 salariés et 700 sous-traitants… Au Malawi, en 2012, la société australienne Paladin renonce au gisement de Kayelekera, faute de rentabilité. Idem en Namibie, où Orano interrompt le projet Trekkopje.

CATACLYSMES RÉELS CONTRE CATASTROPHES HYPOTHÉTIQUES

L’accélération du changement climatique modifie les données du débat sur les mérites et les dangers du nucléaire. L’hypothèse que survienne une nouvelle catastrophe telle que celles de Fukushima ou de Tchernobyl (1986) pèse moins face aux cataclysmes, déjà bien réels, provoqués par le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre : sécheresses, canicules, « mégafeux », inondations, fonte des glaciers…

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